Bien que les enfants aient été largement épargnés par la forme sévère de la COVID-19 comparativement aux adultes et aux aînés, certains ont tout de même souffert d’issues graves de la maladie exigeant une intervention médicale et une hospitalisation. Des enfants peuvent aussi développer des complications persistantes, comme le syndrome inflammatoire multisystémique chez les enfants (MIS-C), un problème de santé rare, mais grave, qui peut affecter le cœur, les vaisseaux sanguins et d’autres organes. Le Dr Jesse Papenburg (Université McGill) et la Dre Rae Yeung (Université de Toronto), des experts financés par le GTIC, ont récemment contribué à des articles qui viennent enrichir nos connaissances sur la COVID-19 chez les enfants (y compris les nourrissons de moins d’un an), les enfants atteints du MIS-C et ceux vivant avec des maladies concomitantes.

En analysant les hospitalisations et les décès pédiatriques découlant de la COVID-19 chez les enfants canadiens entre mars 2020 et mai 2021, l’équipe de la Dre Yeung a comparé les résultats thérapeutiques de 330 enfants hospitalisés avec la COVID-19 aiguë et de 208 enfants hospitalisés avec le MIS-C. Comparativement au MIS-C, la COVID-19 aiguë était associée à plus d’hospitalisations pédiatriques, plus de décès et des séjours plus longs à l’unité de soins intensifs.  Même si le MIS-C engendrait davantage d’hospitalisations aux soins intensifs, la stabilisation rapide des patients grâce à la modulation de la réponse immunitaire et au soutien par vasopresseurs s’est traduite par des séjours plus courts et aucun décès enregistré. De plus, le MIS-C était observé en général chez les enfants de 5 à 11 ans, tandis que l’hospitalisation avec une forme aiguë de la COVID-19 était associée aux enfants âgés de moins d’un an. Les maladies chroniques concomitantes étaient également un facteur répandu associé à l’hospitalisation avec une forme aiguë de la maladie(1).

Le Dr Papenburg et une équipe dirigée par les Drs Shaun Morris et Fatima Kakkar ont réalisé une étude prospective similaire à l’échelle nationale portant sur les nourrissons infectés par le SRAS-CoV-2 entre avril 2020 et mai 2021, dans le cadre du Programme canadien de surveillance pédiatrique(2). Parmi les 531 patients internes et externes évalués dans des cliniques et des services d’urgence qui étaient atteints d’une infection au SRAS-CoV-2 confirmée par analyse microbiologique, 62 % n’ont pas été hospitalisés et 37 % l’ont été. Parmi les patients hospitalisés, 71 % ont été admis en raison de la COVID-19, tandis que dans 29 % des cas, l’infection au SRAS-CoV-2 a été dépistée alors qu’ils étaient admis pour d’autres raisons. La fièvre, la toux, la rhinite et un faible appétit sont les symptômes les plus fréquents chez tous les patients ayant contracté le SRAS-CoV-2. L’équipe de chercheurs a aussi observé, comme l’avait fait celle de la Dre Yeung(1), que les probabilités d’hospitalisation chez les nourrissons atteints de maladies concomitantes étaient plus élevées que chez ceux n’ayant aucun autre problème de santé. En général, les nourrissons de moins d’un mois étaient plus susceptibles d’être hospitalisés que ceux d’un à trois mois.

Ainsi, d’après les deux études, un âge plus bas et la présence de maladies concomitantes seraient associés à l’hospitalisation liée à la COVID-19.

Le Dr Papenburg a également collaboré avec la Dre Joan Robinson et l’équipe de l’Étude du Réseau collaboratif des chercheurs pédiatriques sur les infections au Canada (PICNIC) pour évaluer les effets du SRAS-CoV-2 chez les enfants dépendants de la technologie – c’est-à-dire qu’ils nécessitent des appareils médicaux pour compenser des fonctions vitales qui leur font défaut(3). Les maladies chroniques terminales constituent le facteur le plus fortement associé aux hospitalisations et aux décès liés à la COVID-19. Globalement, les enfants dépendants de la technologie présentaient un risque accru d’hospitalisation avec la COVID-19. Pourtant, en l’absence de maladies terminales, ces enfants survivaient habituellement à une infection au SRAS-CoV-2 et recevaient rapidement leur congé de l’hôpital.

Ensemble, les deux études dressent un portrait plus détaillé des facteurs de risque associés aux issues graves de la COVID-19 chez les enfants en bas âge et les nourrissons. Sans être exhaustives, ces études de cohorte indiquent qu’en l’absence de maladies concomitantes, les enfants se rétablissent rapidement d’une infection au SRAS-CoV-2. En outre, avec des soins et un traitement médical adéquats, les enfants atteints du MIS-C peuvent s’attendre à un rétablissement complet.

Bien que les données recueillies pour ces études datent d’avant les vagues Delta et Omicron, les résultats portent à croire que la fréquence moindre du MIS-C pendant cette dernière phase de la pandémie pourrait être associée à des facteurs comme la vaccination, une reconnaissance accrue du MIS-C par les médecins et le perfectionnement des stratégies de traitement. Ces études reflètent donc une meilleure compréhension du caractère nuancé des répercussions de la COVID-19 dans divers sous-groupes de la population, de même qu’un déploiement plus efficace et plus efficient des ressources en santé pour traiter les patients.

Références

  1. Farrar DS, Hepburn CM, Drouin O, Tal TE, Morin MP, Berard RA, et al. Demographic and Outcome Characteristics of Children Hospitalized with Acute COVID-19 versus Multisystem Inflammatory Syndrome in Children in Canada [Internet]. medRxiv; 2022 [cited 2022 Sep 21]. p. 2022.08.18.22278939. Available from: https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2022.08.18.22278939v1
  2. Piché-Renaud PP, Panetta L, Farrar DS, Moore-Hepburn C, Drouin O, Papenburg J, et al. Clinical manifestations and disease severity of SARS-CoV-2 infection among infants in Canada. PLOS ONE. 2022 Aug 24;17(8):e0272648.
  3. Robinson J, Dewan T, Morris SK, Bitnun A, Gill P, Tal TE, et al. SARS-CoV-2 infection in technology-dependent children: a multicenter case series. Infection [Internet]. 2022 Aug 29 [cited 2022 Sep 21]; Available from: https://doi.org/10.1007/s15010-022-01910-y