Cette synthèse de données probantes a été compilée par des membres du secrétariat du GTIC et ne représente pas nécessairement l’opinion de tous les membres du GTIC.

Par Jeanie Quach

Les réinfections chez les travailleurs de la santé britanniques

Une analyse provisoire publiée dans The Lancet révèle que, selon une grande étude de cohorte prospective, multicentrique et nationale auprès de travailleurs de la santé en milieu hospitalier du Royaume-Uni (l’étude SIREN, selon l’acronyme anglais d’évaluation de l’immunité contre le SRAS-CoV-2 et la réinfection), les participants qui possédaient déjà des anticorps contre le SRAS-CoV-2 voyaient leur risque de (ré)infection diminuer de 84 %. Ce taux est comparable à la protection conférée par les vaccins actuellement homologués. Cet effet protecteur se maintenait sept mois après la primo-infection, et l’étude n’est pas terminée.

 

Il est essentiel de comprendre la nature et le taux de réinfection par le SRAS-CoV-2 pendant cette pandémie afin d’orienter les décisions sanitaires. Une analyse provisoire réalisée au Royaume-Uni portait sur 25 661 travailleurs de la santé, membres du personnel de soutien et membres du personnel administratif recrutés entre le 18 juin et le 31 décembre 2020 après un suivi de sept mois. Les participants ont été répartis entre la cohorte positive (résultats positifs aux anticorps ou antérieurement positifs au SRAS-CoV-2 PCR ou au test des anticorps) et la cohorte négative. Les suivis incluaient des questionnaires sur les symptômes et l’exposition, des tests d’anticorps contre le SRAS-CoV-2 et un test par PCR pour dépister les réinfections.

Les chercheurs ont dépisté 155 nouvelles infections (ou réinfections) dans la cohorte positive, mais 1 704 nouvelles infections positives par PCR dans la cohorte négative. Ils ont ainsi recensé 7,6 réinfections sur 100 000 jours-personnes dans la cohorte positive, par rapport à 57,3 primo-infections sur 100 000 jours-personnes dans la cohorte négative. Les effets des vaccins et la propagation du variant d’origine britannique doivent être pris en compte dans ces analyses.

Les auteurs concluent que la primo-infection par le SRAS-CoV-2 confère une immunité contre la réinfection à court ou moyen terme, comparable à la protection contre l’infection symptomatique que procurent les vaccins actuellement homologués.

 

Hall VJ, Foulkes S, Charlett A, Atti A, Monk EJM, Simmons R, Wellington E, Cole MJ, Saei A, Oguti B, Munroe K, Wallace S, Kirwan PD, Shrotri M, Vusirikala A, Rokadiya S, Kall M, Zambon M, Ramsay M, Brooks T, Brown CS, Chand MA, Hopkins S et le groupe d’étude SIREN. SARS-CoV-2 infection rates of antibody-positive compared with antibody-negative health-care workers in England: a large, multicentre, prospective cohort study (SIREN). The Lancet. Le 9 avril 2021;397(10283):1459-69. doi : 10.1016/S0140-6736(21)00675-9

 

Une étude canadienne pour évaluer les réinfections chez les travailleurs de la santé

Une étude financée par le GTIC, intitulée Estimation du risque de réinfection par le virus de la COVID-19 (RECOVER) et dirigée par la Dre Caroline Quach du CHU Sainte-Justine, se penche également sur les travailleurs de la santé pour évaluer le risque de réinfection par le SRAS-CoV-2 sur une période de suivi de 12 mois. Le recrutement est effectué en collaboration avec le centre de vaccination du Centre universitaire de santé McGill, le CHU Sainte-Justine, le CHUM et l’Hôpital général juif. Les analyses incluent l’étude de la cinétique des anticorps, des réponses des lymphocytes T spécifiques, des charges virales et des souches virales.