Cette synthèse de données probantes a été compilée par des membres du secrétariat du GTIC et ne représente pas nécessairement l’opinion de tous les membres du GTIC.

Par Mariana Bego

Le 8 décembre 2020 à 6 h 30, le premier vaccin contre la COVID-19 était injecté à une Britannique de 90 ans au Royaume-Uni. Six mois plus tard, plus de deux milliards de doses ont été administrées dans le monde. Dans ce contexte, la revue scientifique Nature répond à des questions fondamentales sur les vaccins alors même que les pays se dépêchent de vacciner leurs citoyens et que les variants viraux se propagent dans le monde.

 

Il faudra des années avant de vraiment comprendre l’effet des vaccins contre la COVID-19 sur l’évolution de la pandémie de COVID-19, qui a déjà fauché plus de 3,5 millions de vies. Dans le monde, 2,39 milliards de doses des vaccins contre la COVID-19 avaient été administrées au 13 juin 2021. Au Canada, 61,34 % de la population totale (12 ans et plus) ont déjà reçu au moins une dose du vaccin, d’après la mise à jour la plus récente du gouvernement du Canada publiée le 11 juin 2021 et dont les données remontent au 5 juin 2021.

Les résultats des vaccins sont prometteurs, mais certaines questions demeurent sans réponse. Dans un récent article de Nature, l’auteure Heidi Ledford répond à des questions importantes sur ce que nous savons jusqu’à maintenant :

Quelle est l’efficacité des vaccins dans la pratique? Plusieurs études cliniques démontrent que les vaccins contre la COVID-19 peuvent assurer une protection pouvant atteindre 95 % contre la maladie symptomatique. Toutefois, leur efficacité peut être considérablement plus faible chez les adultes de plus de 70 ans.

Quelle est l’efficacité des vaccins contre les variants à surveillance rehaussée? Jusqu’à présent, les recherches démontrent que les vaccins confèrent une protection importante, mais une petite proportion de gens est tout de même infectée par des souches de variant du virus, même après deux doses du vaccin. Cette protection contre les variants fluctue en fonction des vaccins et des variants. Par exemple, plusieurs vaccins étaient moins efficaces (p. ex., 51 % pour le vaccin Novavax et 65 % pour le vaccin Johnson & Johnson) contre la COVID-19 symptomatique en présence du variant bêta (d’abord décelé en Afrique du Sud, B.1.351).

Quelle est la durée de la protection conférée par les vaccins? Les données à long terme au sujet des participants à des études cliniques qui ont reçu leur première dose en juillet 2020 commencent à émerger. D’après les données accumulées jusqu’à présent, on ne sait pas si les réponses immunitaires diminueront au fil du temps ni quand elles le feront. Les fabricants de vaccins évaluent actuellement des doses de rappel adaptées aux variants pour se préparer à cette possibilité.

Les vaccins peuvent-ils bloquer la transmission du virus? D’après des rapports préliminaires, les vaccins peuvent être de 50 % à 75 % efficaces contre les infections asymptomatiques. Les données initiales indiquent également que les personnes vaccinées exemptes de symptômes n’infectent pas leur entourage. Les vaccins bloquent donc bel et bien la transmission.

Que sait-on sur l’innocuité (la sécurité) des vaccins contre la COVID-19? Aucun vaccin n’est complètement dénué d’effets secondaires, mais les vaccins contre la COVID-19 sont remarquables, en ce sens que la plupart des gens souffrent d’effets secondaires mineurs, comme les maux de tête et la fatigue. L’auteur décrit également les rares effets indésirables constatés jusqu’à maintenant.

Quel est l’effet des vaccins sur l’évolution de la pandémie? Les pays qui mènent leur campagne de vaccination tout en respectant les mesures de distanciation sociale, comme l’Israël et le Royaume-Uni, ont profité d’une diminution considérable des décès et des hospitalisations causés par la COVID-19. D’autres, comme le Chili, ont entrepris une campagne de vaccination tout en réduisant trop rapidement les exigences relatives à la distanciation, ce qui a entraîné une augmentation des cas de COVID-19. Le Canada n’était pas cité dans cet article, mais tout comme l’Israël et le Royaume-Uni, il a maintenu les mesures de distanciation pendant le déploiement de sa campagne de vaccination.

Pour résumer, nous sommes encore à découvrir l’efficacité des vaccins à contrôler la propagation du virus, mais des données précoces prometteuses laissent croire que les personnes vaccinées exemptes de symptômes n’infectent pas leur entourage et ne transmettent donc pas le virus. On ne sait toujours pas combien de personnes doivent être vaccinées contre la COVID-19 avant que la population puisse être considérée comme protégée, particulièrement dans le contexte des nouveaux variants. Pour terminer, tant que nous ne parviendrons pas à une protection communautaire assurée par l’augmentation du taux de vaccination, le port du masque et la distanciation sociale continueront de s’imposer pour contrôler cette pandémie.

 

Ledford H. Six months of COVID vaccines: what 1.7 billion doses have taught scientists. Nature 594:164-7. Le 4 juin 2021. doi : 10.1038/d41586-021-01505-x.