Cette synthèse de données probantes a été compilée par des membres du secrétariat du GTIC et ne représente pas nécessairement l’opinion de tous les membres du GTIC.

par Varun C. Anipindi

Les pays du monde entier cherchent à faire vacciner leur population, mais l’émergence des variants préoccupants du SRAS-CoV-2 menace le retour à la normalité. Étant donné la hausse des infections perthérapeutiques associées au variant delta, les services sanitaires des pays à revenu modéré ou élevé s’interrogent sur la nécessité d’administrer des doses de rappel pour accroître la protection contre la COVID-19. Cette décision pose toutefois un dilemme éthique en raison du peu d’accès aux vaccins dans les pays à faible revenu. Les rédacteurs de grandes revues comme Science et BMJ ont publié des éditoriaux sur les façons les plus équitables de composer avec la pandémie.

Faits saillants

  • Le variant delta est vite devenu la souche dominante de SRAS-CoV-2 en circulation dans de nombreux pays, y compris les États-Unis, où il représente environ 90 % de tous les cas actuels (1). Certaines de ces infections sont définies comme des infections perthérapeutiques, c’est-à-dire qu’elles se manifestent chez des personnes pleinement vaccinées (1).
  • L’incidence croissante des infections perthérapeutiques chez les personnes pleinement vaccinées a fait ressortir l’intérêt pour les doses de rappel (ou une troisième dose), notamment chez les personnes plus vulnérables aux infections (les personnes âgées, les personnes immunodéprimées, les professionnels de la santé et d’autres intervenants) (1, 3). Les chercheurs s’entendent néanmoins pour affirmer qu’une série complète de vaccins (deux doses dans la plupart des cas) demeure hautement efficace pour protéger la plupart des gens contre une hospitalisation et une maladie grave (1).
  • Les pays à revenu modéré ou élevé s’interrogent sur la nécessité d’ajouter des doses chez les personnes vaccinées, mais les autres pays ont un cruel besoin de premières et secondes doses. Ainsi, seulement 1,3 % des près de 35 millions de doses de vaccins administrées chaque jour dans le monde sont injectées à des personnes qui habitent dans des pays à faible revenu (2, 3).
  • Pour lutter contre les problèmes liés à l’accès et à l’innocuité des vaccins, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a décrété un moratoire contre les doses de rappel jusqu’à ce qu’au moins 10 % de chaque pays ait été vacciné. Cependant, de nombreux pays (Israël, la Turquie, les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Uruguay, le Cambodge, la Thaïlande, l’Allemagne) procèdent à des troisièmes doses ou des doses de rappel auprès de certaines populations. Ces démarches incluent la mise à l’essai de stratégies de vaccination hétérologues (des combinaisons de vaccin) pour accroître l’efficacité vaccinale (3).
  • Fiona Godlee, rédactrice en chef de BMJ, a abordé des considérations comme l’assouplissement des lois sur les brevets et la mondialisation de la fabrication de vaccins contre la COVID-19, dans un effort pour améliorer l’accès vaccinal dans tous les pays du monde. Au bout du compte, elle avance que c’est peut-être le seul moyen de vaincre la pandémie de COVID-19, compte tenu de son envergure mondiale (2).

 

  1. Vogel G. Do Delta ‘breakthroughs’ really mean vaccine protection is waning, and are boosters the answer? Science. Le 20 août 2021. doi : 10.1126/science.abm0319
  2. Godlee F. Vaccines should not be the preserve of rich countries. BMJ 2021;374:n2044. doi : https://doi.org/10.1136/bmj.n2044
  3. Mahase E. Covid-19 booster vaccines: What we know and who’s doing what. BMJ 2021;374:n2082