Cette synthèse des preuves a été compilée par les membres du secrétariat du GTIC avec la contribution d’experts affiliés au GTIC et ne reflète pas nécessairement l’opinion de tous les membres du GTIC

Par Mariana Bego

Ces derniers mois, des études ont soulevé la possibilité d’une évolution de certains variants émergents du SARS-CoV-2 pour échapper à la surveillance immunitaire des anticorps  induite  par une  infection antérieure, la vaccination ou un traitement aux anticorps monoclonaux. Il est postulé que même s’ils sont puissants, les anticorps produits par les vaccins seraient moins efficaces contre de nouvelles versions du virus.

À l’affût des mutations

Des chercheurs du volet médical de l’Université du Texas à Galveston ont créé plusieurs variants du SARS- CoV-2, y compris un variant qui contient les mutations des protéines spiculaires contenues dans la version

B.1.351 (également connue sous le nom de variant 501Y.V2), d’abord découverte en Afrique du Sud. Dans un récent article du New England Journal of Medicine, ils avancent que les anticorps induits par le vaccin Pfizer/BioNTech ne neutraliseraient que partiellement le virus semblable au variant B.1.351. Parmi toutes les mutations présentes sur le spicule B.1.351, ils en ont relié seulement trois (K417N, E484K et N501Y) à la capacité d’échapper à la neutralisation. Ces résidus correspondent à la portion de  la protéine  spiculaire  dont se sert le virus SARS-CoV-2 pour adhérer aux cellules hôtes.

Lisez l’article, en anglais, ici.

 

De même, des chercheurs du Ragon Institute du Massachusetts General Hospital, du Massachusetts Institute of Technology et de Harvard ont mené une recherche dans laquelle ils ont évalué la puissance de séroneutralisation des personnes ayant reçu le vaccin à ARNm de Pfizer/BioNTech ou de Moderna contre le virus porteur des protéines spiculaires dérivées de multiples variants du SARS-CoV-2. Comme dans l’étude décrite plus haut, ils ont souligné que les variants porteurs des mutations K417N/T, E484K et N501Y résistaient fortement à la neutralisation. De même, ils ont constaté une faible transneutralisation  des  variants B.1.351.

Lisez la prépublication, en anglais, ici.

Pourquoi ces mutations sont-elles si puissantes?

Pour connaître le mécanisme des mutations, des chercheurs d’ImmunityBio, Inc. ont utilisé un logiciel de simulation pour évaluer la liaison entre les mutants du domaine de liaison au récepteur (RBD) spiculaire et son récepteur humain. Dans une prépublication diffusée plus tôt cette année, ils ont déclaré que la combinaison des variants K417N, E484K et N501Y est responsable du plus grand nombre de transformations conformationnelles qui favorisent la liaison du RBD à son récepteur.

Lisez la prépublication, en anglais, ici.

De même, dans de récents travaux, une équipe de l’Université du Colorado a créé plusieurs versions de spicules à l’aide de mutations du RBD intégrant les substitutions contenues  dans  les  variants  observés pour la première fois en Afrique du Sud et au Brésil. Ils ont également constaté que les mutations du RBD porteuses des substitutions K417N, E484K et N501Y ont pu se lier plus solidement aux récepteurs humains que la version originale de la protéine. Fait intéressant, le bamlanivimab, un anticorps monoclonal thérapeutique, n’a pas reconnu la mutation du RBD.

Lisez la prépublication, en anglais, ici.

Que faire maintenant?

D’après ces études, relativement peu de mutations sont assez puissantes pour échapper aux réponses des anticorps. Néanmoins, on ne sait pas exactement si, à cause de ces changements, les vaccins seront moins efficaces pour prévenir la COVID-19 causée par les lignées de coronavirus semblables au B.1.351. Bien que les répercussions cliniques de cette résistance demeurent incertaines,  ces  résultats  font  ressortir l’importance de poursuivre la mise au point d’interventions offrant une large protection pour garder une longueur d’avance sur l’évolution de la pandémie.