Cette synthèse de données probantes a été compilée par des membres du secrétariat du GTIC et ne représente pas nécessairement l’opinion de tous les membres du GTIC.

Par Mariana Bego

La sclérose en plaques est une maladie auto-immune dont le traitement comprend souvent des médicaments qui épuisent les lymphocytes B, nuisant ainsi au processus de production des anticorps. En effet, les patients traités à l’aide de certains médicaments ne présentent aucune réponse visible des anticorps après deux doses du vaccin contre la COVID-19. Il est démontré que ces vaccins sont sécuritaires chez ces patients, mais selon une étude de Therapeutic Advances in Neurological Disorders, la protection globale qu’ils confèrent doit faire l’objet d’une évaluation plus approfondie. Il est important de maintenir ces patients dans le groupe de vaccination prioritaire actuel, mais le suivi devra être plus rigoureux.

 

Les patients qui reçoivent certains traitements de la sclérose en plaques ne sont pas en mesure de d’acquérir une réponse humorale des IgG après deux doses du vaccin contre la COVID-19.

  • Seulement 22,7 % des patients qui prenaient de l’ocrélizumab et 3 % de ceux qui prenaient du fingolimod ont acquis une réponse des IgG spécifique au SRAS-COV-2 un mois après la seconde dose de leur vaccin (quelle que soit la numération de leurs lymphocytes B).
  • On ne sait pas si ces patients ont acquis une réponse immune cellulaire au vaccin et on ignore le taux de protection que leur conférait le vaccin.

 

La sclérose en plaques (SP) est une maladie auto-immune du cerveau et de la moelle épinière. Les immunomodulateurs sont utilisés depuis plus de vingt ans pour en traiter les récurrences.

Les médicaments qui épuisent les lymphocytes B, notamment, sont efficaces pour traiter la SP évolutive primaire, mais la diminution du nombre ou de la fonction des lymphocytes B peut nuire au processus de production des anticorps. Dans l’ensemble, la spécificité du sous-ensemble de lymphocytes B qu’ils ciblent diffère considérablement. Le fingolimod et la cladribine peuvent agir à la fois sur les lymphocytes B et T, et l’ocrélizumab épuise les lymphocytes B matures.

Des chercheurs de l’Israël ont récemment évalué la production d’anticorps après la vaccination dans une cohorte de patients atteints de la SP. Ils ont constaté un excellent taux d’immunité humorale protectrice dans les 29,5 à 55 jours suivant deux doses du vaccin contre la COVID-19 chez les sujets en santé (46 des 47 personnes de ce groupe possédaient des anticorps), des patients atteints d’une SP non traitée (les 32 avaient des anticorps) et des patients atteints de la SP recevant de la cladribine (les 23 étaient porteurs d’anticorps). Cependant, à peine 22,7 % des patients qui recevaient un traitement à l’ocrélizumab ont acquis une réponse immunitaire humorale quelle que soit leur numération leucocytaire normale. Ce qui est encore plus frappant, c’est que seulement 3 % des patients atteints de la SP recevant du fingolimod présentaient des taux décelables d’anticorps contre le SRAS-COV-2, et leurs numérations de lymphocytes T et B étaient trop basses.

D’après ces résultats, les auteurs ont recommandé de retarder le traitement à l’ocrélizumab chez les patients atteints de la SP qui souhaitent se faire vacciner, mais n’ont pas recommandé de vacciner ceux qui recevaient du fingolimod.

On ne sait toutefois pas si les patients atteints de la SP acquièrent une réponse immunitaire cellulaire au vaccin ni le taux de protection global que leur confèrent les vaccins. Cela dit, de nombreuses organisations d’experts, y compris la National Multiple Sclerosis Society, recommandent que tous les patients atteints de la SP soient vaccinés contre la COVID-19. Il est démontré que les vaccins contre la COVID-19 sont sécuritaires pour ces patients. Aucun rapport publicisé n’a fait état d’une prévalence plus élevée d’effets secondaires, d’aggravation des symptômes de SP ou d’augmentation immédiate du taux de récidives aiguës. Au bout du compte, les risques que représentent la COVID-19 chez les personnes atteintes de la SP dépassent les risques potentiels des vaccins, et de loin, et même une protection mineure est préférable à l’absence de protection. De plus, comme l’indique notre deuxième blogue de la semaine, les membres d’un même ménage et les contacts étroits devraient également se faire vacciner contre la COVID-19, lorsqu’ils sont en mesure de le faire, afin de réduire les conséquences du virus dans les populations susceptibles qui ne recevront pas nécessairement une forte protection des vaccins.

 

Achiron A, Mandel M, Dreyer-Alster S, Harari G, Magalashvili D, Sonis P, Dolev M, Menascu S, Fletcher S, Falb R, Gurevich M. Humoral immune response to COVID-19 mRNA vaccine in patients with multiple sclerosis treated with high-efficacy disease-modifying therapies. Therap Adv Neurol Disord. Le 22 avril 2021. doi: 10.1177/17562864211012835.