Cette synthèse de données probantes a été compilée par des membres du secrétariat du GTIC et ne représente pas nécessairement l’opinion de tous les membres du GTIC.

Par Mercedes Yanes Lane 

L’Institut de santé Carlos III d’Espagne a présenté les résultats provisoires d’une étude de combinaison des vaccins contre la COVID-19 d’Oxford-AstraZeneca et de Pfizer-BioNTech. Le rapport décrit une forte réponse immunogène après l’utilisation de vaccins combinés par rapport aux personnes qui n’avaient reçu qu’une dose du vaccin d’AstraZeneca. L’innocuité et la réactogénicité paraissaient également semblables à celles observées après deux doses du même vaccin.

 

Faits saillants

  • Les personnes qui avaient reçu une première dose du vaccin d’AstraZeneca accroissaient leur réponse immunitaire au SRAS-CoV-2 après avoir reçu une dose du vaccin de Pfizer contre la COVID-19.
  • La réception d’une dose du vaccin d’AstraZeneca, puis d’une dose du vaccin de Pfizer contre la COVID-19 semblait sécuritaire et avoir des effets secondaires légers à modérés.

 

En réponse aux inquiétudes en matière d’innocuité et à des pénuries de vaccins, certains pays envisagent d’administrer un vaccin différent lors de la seconde dose. Cette stratégie de primovaccination suivie d’un rappel hétérologue se distingue du programme de vaccination homologue2, mais on parle aussi souvent de combinaison de vaccins.

Le rapport, présenté en espagnol par l’Institut de santé Carlos III, rend compte de l’étude clinique aléatoire auprès de 673 personnes qui avaient reçu une dose du vaccin d’AstraZeneca. De ce nombre, 441 participants ont reçu une seconde dose du vaccin de Pfizer contre la COVID-19, et 232 participants ont servi de sujets témoins et n’ont pas reçu de seconde dose. Les chercheurs ont établi les effets immunologiques de la combinaison de vaccins en mesurant les anticorps contre le domaine de liaison des récepteurs, la protéine spiculaire sous forme trimérique et la capacité de neutralisation des anticorps. Dans le groupe ayant reçu une première dose du vaccin d’AstraZeneca et une deuxième dose du vaccin de Pfizer, les taux d’anticorps étaient 150 fois plus élevés après la seconde dose, soit une augmentation évidente dès sept jours après la seconde dose. Dans le groupe témoin, les titres d’anticorps demeuraient stables. Dans le groupe de vaccins combinés, les anticorps contre la protéine spiculaire sous forme trimérique augmentaient aussi considérablement, puisque leur capacité de neutralisation était septuplée, pour un résultat plus élevé qu’après deux doses du même vaccin. Les effets secondaires et la réactogénicité du groupe ayant reçu les vaccins combinés étaient semblables à ceux observés dans les stratégies de vaccination homologues, puisque des symptômes légers à modérés s’observaient après la vaccination.

Les principaux chercheurs de cette étude indiquent qu’on ne sait pas en quoi ces résultats se comparent à des études sur l’administration de deux doses de vaccins à ARNm. Il existe de nombreuses différences entre les études, et le seul moyen de procéder à une comparaison directe consiste à réaliser une étude aléatoire. De plus, il faudra colliger plus d’information sur les effets d’une troisième dose ou d’une dose de rappel. Enfin, les chercheurs n’ont pas mesuré la réponse à deux doses du vaccin d’AstraZeneca pour des besoins de comparaison ou pour former un groupe témoin.

 

La situation canadienne

Le Canada fait partie des pays qui envisagent une stratégie de combinaison vaccinale. Le Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 (GTIC) et le Groupe de référence sur la surveillance vaccinale (GRSV) ont récemment annoncé avoir obtenu le financement nécessaire pour effectuer une nouvelle étude nationale sur les effets de combiner des vaccins approuvés contre la COVID-19 chez des adultes. L’étude MOSAIC, qui tire son nom de l’acronyme anglais d’étude de combinaison de la deuxième dose du vaccin contre la COVID-19 pour en évaluer l’innocuité et l’immunogénicité, évaluera donc l’innocuité et l’efficacité de l’utilisation de deux vaccins contre la COVID-19 différents lors de la première et de la seconde dose, ainsi que des effets liés à la prolongation de l’intervalle entre les doses. Cette étude fournira aux décideurs canadiens l’information nécessaire pour aller de l’avant dans la vaccination contre la COVID-19, puisque cette équipe étudiera la réalité des vaccins au Canada3. D’autres pays envisagent de combiner des vaccins différents, soit la Chine, la Finlande, la France, la Norvège, la Corée du Sud, l’Espagne, la Suède, le Royaume-Uni et les États-Unis4.

 

Références

  1. Instituto de Salud Carlos III. El uso combinado de las vacunas de AstraZeneca y Pfizer contra el SARS-CoV-2 ofrece una potente respuesta inmunitaria. ISCIII. Le 18 mai 2021. isciii.es/Noticias/Noticias/Paginas/Noticias/Presentaci%c3%b3n-resultados-preliminares-CombivacS.aspx
  2. Callaway E. Mix-and-match COVID vaccines trigger potent immune response. Nature. Le 19 mai 2021. doi : 10.1038/d41586-021-01359-3.
  3. Nouvelle recherche à l’échelle du Canada pour étudier la combinaison de vaccins contre la COVID-19. Consulter à www.covid19immunitytaskforce.ca/fr/nouvelle-recherche-a-lechelle-du-canada-pour-etudier-la-combinaison-de-vaccins-contre-la-covid-19
  4. Factbox: Countries weigh ‘mix and match’ COVID-19 vaccines. Le 24 mai 2021. Consulté à www.reuters.com/world/middle-east/countries-weigh-mix-match-covid-19-vaccines-2021-05-24/