Ceci est un résumé, rédigé par les membres du Secrétariat du GTIC, de :

Sadarangani M, Marchant A, Kollmann TR. Immunological mechanisms of vaccine-induced protection against COVID-19 in humans. Nat Rev Immunol. Le 1er juillet 2021. doi : 10.1038/s41577-021-00578-z

Les résultats et/ou conclusions contenus dans cette recherche ne reflètent pas nécessairement les opinions de tous les membres du GTIC.

La protection conférée par les vaccins contre la COVID-19 est sûrement complexe, puisqu’elle repose sur les anticorps non neutralisants, les réponses des lymphocytes T et les mécanismes immunitaires innés, de même que sur de faibles taux d’anticorps neutralisants. Le Pr Manish Sadarangani, membre du sous-groupe Tests et du sous-groupe Science immunitaire du GTIC, et son équipe ont présenté dans la revue Nature Reviews Immunology un aperçu des réponses immunitaires protectrices déclenchées par les vaccins actuellement homologués. Ils concluent qu’une surveillance vaccinale et des analyses approfondies des données immunologiques avant et après la vaccination s’imposent pour comprendre les corrélations de la protection contre la COVID-19.

Faits saillants de l’analyse des données publiées sur les essais de phase III des vaccins contre la COVID-19

  • Les vaccins à ARNm de Pfizer et de Moderna sont hautement efficaces contre une grave infection par le SRAS-CoV-2 après une seule dose.
  • Le vaccin d’AstraZeneca était efficace à environ 70 % contre la COVID-19 symptomatique après une seule dose. Il produisait également des anticorps et de puissantes réponses des lymphocytes T.
  • Il faut tenir compte de l’immunité innée et des réponses des lymphocytes T pour déterminer une corrélation ou un mécanisme de protection contre la COVID-19.

Les auteurs, conjointement avec l’Organisation mondiale de la Santé, soulignent l’urgence d’« [a]ccélérer la recherche pour établir des corrélations en matière de protection par les vaccins anti-COVID-19 contre l’infection et la maladie, y compris pour les variants préoccupants ». Une analyse approfondie des réponses immunitaires avant et après la vaccination, ainsi que des analyses génétiques des infections après la vaccination, contribuera à mieux comprendre les corrélations de protection et à orienter le développement et l’homologation des prochaines générations de vaccins.

 

Tableau 1. Tiré du rapport intitulé Efficacy and Immune Responses of Currently Approved COVID-19 Vaccines in Canada (L’efficacité et les réponses immunitaires des vaccins contre la COVID-19 actuellement homologués au Canada)

Vaccin

(développeur) (posologie)

Formulation Efficacité contre l’infection symptomatique (essais de phase III) Efficacité (après le déploiement) Réponses des anticorps chez les humains Réponses des lymphocytes T chez les humains
BNT162b2 mRNA (BioNTech/Pfizer) (30 μg d’ARNm, 2 doses, à 21 jours d’intervalle) ARNm encapsulé dans des nanoparticules de lipides codant la protéine S pleine longueur, modifiées par deux mutations de proline pour bloquer la protéine dans sa conformation préfusionnelle 95 % après 2 doses; 52 % après 1 dose, même si l’analyse des données laisse croire à une efficacité de 93 % 14 jours après 1 dose, et de 91 % six mois après la seconde dose Infection symptomatique : de 94 % à 96 % (2 doses) et de 46 % à 80 % (1 dose)

Toute infection : de 86 % à 92 % (2 doses) et de 46 % à 72 % (1 dose)

 

Hospitalisation : 87 % (2 doses) et de 71 % à 85 % (1 dose)

 

Infection asymptomatique : 79 % (1 dose) et 90 % (2 doses)

Anticorps liant le spicule 1 présents après la première dose, réponse accrue après la seconde dose; anticorps neutralisants présents seulement après la seconde dose Augmentation des lymphocytes T CD4+ et CD8+ T IFN-γ+ spécifiques aux anticorps après la seconde dose; prédominance de sécrétion IFN-γ et IL-2, par rapport aux IL-4, laissant supposer une polarisation des lymphocytes TH1
mRNA-1273 (Moderna)

(100 μg d’ARNm, 2 doses, à 28 jours d’intervalle)

ARNm encapsulé dans des nanoparticules de lipides codant la protéine S pleine longueur, modifiées par deux mutations de proline pour bloquer la protéine dans sa conformation préfusionnelle 95 % après 2 doses; 92 % après 1 dose Infection symptomatique : 90 % (2 doses) et 80 % (1 dose) Anticorps liant le spicule décelés 14 jours après la première dose, légère augmentation du taux au bout de 28 jours, et augmentation marquée après la seconde dose; anticorps neutralisants minimaux après la première dose, taux de pointe atteint 14 jours après la seconde dose Augmentation marquée des lymphocytes T CD4+ sécrétant des cytokines de type TH1 (TNF > IL-2 > IFN-γ) après la seconde dose, petites augmentations des cellules sécrétant des TNF et des IL-2 après la première dose; changements minimaux aux réponses de lymphocytes TH2; faible taux des réponses CD8+
ChAdOx1 nCoV-19 (Université d’Oxford/AstraZeneca) (2,5 à 5 × 1010 particules virales, 2 doses, à ≥ 28 jours d’intervalle) Vecteur recombinant non réplicatif dérivé d’un adénovirus de chimpanzé qui exprime la protéine S pleine longueur par une séquence signal tPA De 62 % à 67 % après 2 doses,76 % après 1 dose; 90 % chez les participants qui ont reçu une faible dose après une forte dose; l’intervalle entre les doses était variable, pour une médiane de 36 à 39 jours ; 81 % ont reçu leur seconde dose après un intervalle de 12 semaines ou plus, 55 % après un intervalle de moins de six semaines Hospitalisation : de 80 % à 94 % (1 dose) Anticorps se liant au spicule 14 jours après la première dose, taux accru au bout de 28 jours; augmentation marquée après la seconde dose, réaction de pointe 14 jours après la seconde dose; surtout des IgG3 et des IgG1; de nombreux anticorps neutralisants décelés après la première dose, accrus 14 jours après la seconde dose; augmentation de l’avidité des IgG de 28 à 56 jours après une seule dose; IgM de pointe et réponses des IgA les jours 14 ou 28 Réponses des lymphocytes T de pointe 14 jours après la première dose, mais légèrement plus élevées 28 jours après la seconde dose; augmentation de la production de TNF et d’IFN-γ par les lymphocytes T CD4+ le jour 14
Ad26.COV2.S (Janssen) (5 × 1010 particules virales, 1 dose) Vecteur recombinant non réplicatif dérivé d’un adénovirus humain de type 26 qui exprime la protéine S pleine longueur et comporte des modifications à une paire d’acides aminés au site de clivage de la furine à la jonction S1/S2 et deux substitutions de proline dans la région charnière qui bloquent la protéine dans sa conformation préfusionnelle 67 % après 1 dose Anticorps liant le spicule et anticorps neutralisants présents 28 jours après la vaccination chez 99 % des vaccinés et taux d’anticorps soutenus au moins 84 jours après la vaccination Réponses des lymphocytes T CD4+ et CD8+ les jours 14 et 28 après la vaccination, selon la présence de lymphocytes T CD4+ et CD8+ sécrétant des IFN-γ ou des IL-2, mais pas des IL-4 ni des IL-3, laissant supposer la polarisation des lymphocytes TH1 issus de la réponse des lymphocytes T CD4+

Tableau traduit et adapté de l’article de Sadarangani et coll.