This evidence review was compiled by members of the CITF Secretariat with the input from experts affiliated with the CITF and does not necessarily reflect the views of all CITF members.

Par Mariana Bego

Lorsque le système immunitaire se rétablit d’une infection, quelle qu’elle soit, il se souvient souvent de l’agresseur longtemps après la guérison. C’est ce qu’on appelle la mémoire immunologique.  Par exemple,  une  fois l’infection initiale contrôlée, les lymphocytes B évoluent en lymphocytes B mémoires capables de lutter contre de nouvelles infections potentielles plus rapidement et de meilleure façon que leurs homologues originaux. Plusieurs études indépendantes ont récemment évalué la persistance de cette mémoire immunologique chez des patients rétablis de la COVID-19.

D’après des recherches antérieures, les lymphocytes B mémoires du SARS-CoV-2 émergent dans le mois suivant  l’infection  (1, 2).  Une  récente  étude  de  l’Université  de  Washington  publiée  dans  Cell a  démontré  que non seulement cette population de lymphocytes B mémoires est-elle maintenue de un à trois mois suivant l’infection, mais que leur nombre augmente considérablement au fil du temps (3). De plus,  dans  un  article  publié plus tôt cette année dans Science, Dan et ses collègues ont remarqué que les lymphocytes  B mémoires du SARS-CoV-2 étaient plus abondants six mois qu’un mois après  l’apparition  des  symptômes.  Leur  vaste étude de cohorte a échantillonné des cas de COVID-19 asymptomatiques à graves (4). De même,  des  recherches financées par notre Groupe de travail et dirigées par le Dr Daniel Kaufmann et le Pr Andrés Finzi ont aussi confirmé la  présence d’une réponse immunitaire fonctionnelle et  prolongée  chez les patients rétablis de la COVID-19 au Québec (5). Dans leur prépublication la plus récente, ils ont analysé de multiples aspects de l’immunité humorale, y compris les fonctions effectrices Fc et les sous-types de lymphocytes B spécifiques à l’antigène. Dans les deux études, les lymphocytes B mémoires spécifiques à l’antigène du SARS-CoV-2 étaient encore décelés jusqu’à huit mois après l’infection.

Des chercheurs de l’Université Rockefeller de la Ville de New York, qui ont adopté une approche expérimentale différente pour examiner le phénomène, ont également constaté la constance des taux de lymphocytes B mémoires du SARS-CoV-2 (6). Dans le récent article de Gaebler et coll. publié dans  Nature,  les  anticorps  décelés étaient très diversifiés et possédaient une plus grande puissance  neutralisante  et  une  résistance accrue aux mutations virales. Étonnamment, la  protéine  ou  l’ARN du SARS-CoV-2  ont  persisté  dans l’intestin de nombreux participants qui avaient obtenu des résultats négatifs à la PCR réalisée sur écouvillons nasophyaryngés et se sont maintenus jusqu’à quatre mois après l’infection initiale. On a avancé que l’intestin servait  de  « réservoir »  antigénique,  c’est-à-dire  qu’il  fournissait  une  source  étendue  de  stimulation  au  système immunitaire et favorisait l’évolution continue de la réponse immunitaire humorale. Enfin, une publication dans le plus récent numéro de Cell a permis de retracer la source de ces lymphocytes B du SARS-CoV-2 (7). Point intéressant, Sokal et ses collègues ont découvert que certains de ces clones étaient dérivés de lymphocytes B mémoires déjà existants ayant subi d’importantes mutations spécifiques aux bêtacoronavirus. Néanmoins, la proportion de ces clones à réactivité croisée a diminué après l’activation initiale, et ceux-ci n’étaient pas susceptibles d’être sélectionnés dans la zone mémoire du SARS-CoV-2.

La plupart de ces groupes ont également signalé une dégradation des anticorps en circulation contre  les  protéines du SARS-CoV-2 au fil du temps, sans pour autant annuler la présence d’une réponse immunitaire mémoire protectrice et persistante contre le SARS-CoV-2. De nombreuses études ont  porté non seulement sur  la mémoire des lymphocytes B, mais également sur celles des lymphocytes  T.  En  effet,  dans  plusieurs  cohortes, plus de 95 % des sujets qui s’étaient rétablis de la COVID-19 conservaient une mémoire durable du virus jusqu’à huit mois après l’infection. Qui plus est, ces comptes rendus portent sur des présentations très différentes de la COVID-19, soit asymptomatique, légère, modérée ou grave. Il est essentiel de maintenir une réponse immunitaire fonctionnelle et prolongée au SARS-CoV-2 pour prévenir les réinfections, favoriser l’immunité collective et prédire l’efficacité des vaccins. Ces résultats insufflent un certain optimisme quant à l’obtention d’une protection prolongée, soit après une infection naturelle, soit après la vaccination.

Pour suivre un cours de perfectionnement ou un cours intensif sur la mémoire immunologique, notamment les lymphocytes B mémoires dans le contexte de la COVID-19, la revue Immunity a récemment publié un guide d’initiation très complet. Trouvez le guide d’initiation ici, en anglais.