This evidence review was compiled by members of the CITF Secretariat with the input from experts affiliated with the CITF and does not necessarily reflect the views of all CITF members.

Par Varun Anipindi

On ne sait pas grand-chose des mécanismes immunitaires que déclenche l’infection par le SARS-CoV-2. Par exemple, bien qu’il soit évident que la COVID-19 emprunte de multiples manifestations cliniques, on ne sait pas vraiment si le spectre de sa gravité est associé à des déterminants immunologiques précis. Il est donc difficile de déterminer où les patients se situeront dans ce spectre à mesure que leur maladie évoluera. De même, il est démontré que l’immunité humorale et l’immunité cellulaire sont induites par l’infection par le SARS-CoV-2, mais on ne connaît pas vraiment la longévité des réponses mémoires.

A. Bonifacius et coll. ont cherché à répondre à ces questions essentielles. Dans une étude publiée dans la revue Immunity du 9 février  2021,  ils  ont  effectué  des  prélèvements  chez  82  donneurs  en  santé,  204 patients rétablis d’une COVID-19 légère et 92 patients hospitalisés à cause d’une COVID-19 active pour examiner les réponses immunitaires à divers moments. Ils voulaient ainsi comprendre la progression des réponses immunitaires contre le SARS-CoV-2 pendant l’infection et le rétablissement  subséquent.  Ils se sont particulièrement attardés à comprendre les corrélations entre l’immunité humorale et l’immunité cellulaire pendant l’infection. Ils ont aussi examiné si une immunité préalable à d’autres coronavirus saisonniers pouvait influer sur le pronostic de l’infection par le SARS-CoV-2.

En examinant l’immunité humorale, les chercheurs ont découvert que les  anticorps  IgG  contre  les protéines N ou S1 du virus se développaient pendant l’infection active et culminaient le 50e jour après l’apparition des symptômes, puis se mettaient à décliner chez les patients  rétablis.  Fait  intéressant,  des taux plus élevés d’anticorps IgG étaient liés à un pronostic clinique plus sombre. Les chercheurs ont également examiné l’immunité des lymphocytes T et découvert que les patients atteints d’une COVID-19 active possédaient des lymphocytes T spécifiques au SARS-CoV-2 tout autant que ceux  qui  s’étaient rétablis, mais que leur fonctionnalité différait considérablement entre les deux  groupes.  Plus précisément,  les personnes atteintes d’une COVID-19 active présentaient un répertoire global de lymphocytes T moins élevé que celles qui s’étaient rétablies, mais que la fonction de ces lymphocytes T se détériorait à cause de molécules inhibitrices. Leur profil immunologique de  lymphocytes  était  également  caractéristique,  car  il était associé à l’apparition d’une lymphopénie (diminution du comptage des globules blancs) et à de puissantes réponses pro-inflammatoires pendant l’infection active. En revanche, chez les personnes qui s’étaient rétablies, le répertoire de  lymphocytes T était  restauré   et  se  caractérisait   par  des   lymphocytes T CD4+ polyfonctionnels surtout sécréteurs  d’interféron  γ,  qui  demeuraient  stables  jusqu’à 102 jours après l’apparition des symptômes.  Fait  intéressant, les patients du groupe actif et du groupe rétabli qui profitaient déjà d’une immunité induite par les lymphocytes T contre d’autres souches de coronavirus humains possédaient également un taux plus élevé de lymphocytes T spécifiques au SARS- CoV-2. Par conséquent, une telle immunité contre des coronavirus endémiques pourrait être bénéfique à l’acquisition d’une immunité induite par les lymphocytes contre le SARS-CoV-2.

Dans l’ensemble, cette étude laisse supposer que, même si l’immunité produite par les anticorps peut jouer un rôle important lors de l’infection initiale par le SARS-CoV-2, l’immunité induite par les lymphocytes T est fondamentale à une protection prolongée. Les patients atteints d’une COVID-19 active présentaient une réponse défaillante des lymphocytes T par rapport aux personnes rétablies de la COVID- 19 dont l’immunité induite par les lymphocytes T était puissante. De plus, certaines données démontraient qu’une plus forte fréquence de lymphocytes T spécifiques au SARS-CoV-2 était liée à un taux plus élevé d’anticorps IgG contre le SARS-CoV-2, ce qui est indicateur d’un lien entre l’immunité humorale et l’immunité cellulaire dans les cas de COVID-19 modérée. Au bout du compte, cette étude permet de comprendre quelques-uns des biomarqueurs importants susceptibles de contribuer au diagnostic et au pronostic de la COVID-19 et ouvre de nouvelles perspectives pour le développement de vaccins et de traitements.

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