Une experte affiliée au GTIC, la Dre Angela Cheung (Université de Toronto), a récemment publié avec son équipe des études dans CMAJ expliquant comment le syndrome post-COVID-19 – aussi appelé COVID longue – peut être diagnostiqué chez les adultes. Les articles abordent aussi certains symptômes possiblement modifiables de la COVID longue et les stratégies pour les traiter. Les chercheurs ont résumé les conclusions de plusieurs études et mis en lumière la fatigue et l’inconfort généralisé parmi les symptômes les plus répandus de la COVID longue. L’équipe indique également comment les personnes atteintes de cette maladie peuvent, grâce à des programmes guidés par les symptômes, en atténuer les effets en gérant leur niveau d’activité et en adoptant des habitudes de sommeil assurant un repos maximal. Dans leurs articles, la Dre Cheung et son équipe citent des études antérieures et mentionnent qu’avec le temps, beaucoup de patients se rétablissent, tout en ajoutant que l’on ne connaît pas encore avec certitude les mécanismes qui contribueraient à la COVID longue – dont les lésions cellulaires, l’inflammation persistante, la présence de virus dans l’organisme, ou encore les troubles auto-immunitaires ou de coagulation sanguine.

D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la COVID longue présente les caractéristiques suivantes :

  1. les symptômes sont toujours présents (ou réapparaissent) trois mois après le diagnostic initial d’infection au SRAS-CoV-2;
  2. les symptômes durent au moins deux mois;
  3. les symptômes ne peuvent être expliqués par un autre diagnostic.

Chez près de 15 % des adultes canadiens ayant eu une infection confirmée ou soupçonnée au SRAS-CoV-2, certains symptômes ont duré plus de trois mois(1). Plus de 100 symptômes ayant été associés à la COVID longue, cette maladie est difficile à diagnostiquer et à traiter(1).

Diagnostiquer la COVID longue chez les adultes(1) :

  • L’Enquête canadienne sur la santé et les anticorps contre la COVID-19 de 2022 révèle que chez près de 15 % des Canadiens adultes (environ 1,4 million de personnes) ayant eu une infection confirmée ou soupçonnée au SRAS-CoV-2, certains symptômes ont duré plus de trois mois. D’après une étude récente(2), ce pourcentage est inférieur à la prévalence de la COVID longue à l’échelle mondiale, qui atteint 43 %. On a également observé que la COVID longue était plus prévalente chez les personnes ayant été hospitalisées (54 %) que chez celles n’ayant pas été hospitalisées (34 %) (2). Une autre étude(3) a révélé que les femmes (18 %) étaient plus susceptibles que les hommes (11,6 %) de rapporter des symptômes persistants.
  • De récentes études(2) (4) ont dénombré plus de 100 symptômes chez les personnes atteintes de la COVID longue. Les symptômes possiblement modifiables les plus répandus sont la fatigue (23 % à 63 %), l’anxiété et la dépression (23 % à 46 %), l’essoufflement (11 % à 43 %), les problèmes de sommeil (11 % à 31 %) et les palpitations (6 % à 22 %).
  • La DreCheung cite une autre étude(4) selon laquelle plusieurs mécanismes physiopathologiques contribueraient à la COVID longue, dont les lésions cellulaires, l’inflammation persistante, la présence de virus dans l’organisme, ou encore les troubles auto-immunitaires ou de coagulation sanguine.
  • Bien que de nombreuses personnes se rétablissent de la COVID longue, certaines ressentent des symptômes longtemps et sont incapables de recommencer à travailler à temps plein un an ou plus après l’infection. Une étude récente menée à Wuhan, en Chine, a révélé que 21 % des personnes atteintes de la COVID longue qui occupaient auparavant un emploi n’étaient pas retournées au travail après avoir contracté l’infection(5). Au Canada, le même pourcentage de personnes ont rapporté que leurs symptômes nuisaient souvent ou toujours à leurs activités de la vie quotidienne(3).

La Dre Cheung a colligé les moyens d’évaluer les symptômes répandus et possiblement modifiables de la COVID longue chez les adultes(6) :

  • La fatigue, qui est le symptôme le plus courant de la COVID longue, est associée à une baisse d’énergie, à des sensations d’inconfort général et à une exacerbation généralisée des autres symptômes.
  • Les personnes atteintes de la COVID longue vivent souvent de l’anxiété et de la dépression. Il est important de reconnaître l’expérience psychologique des personnes atteintes de la maladie et de dépister ces symptômes répandus.
  • Une évaluation de la difficulté à respirer ou de l’essoufflement à l’effort devrait être réalisée dans le cadre d’un examen physique comprenant un test de marche avec surveillance de la saturation en oxygène.
  • Une évaluation des problèmes de sommeil devrait porter sur la structure, la durée et la qualité du sommeil, de même que la fréquence des réveils. Il faut également déterminer si la personne se sent reposée après avoir dormi. Il faut aussi porter une attention particulière à la consommation d’alcool, de cannabis, de caféine et de médicaments pour dormir des personnes atteintes de la COVID longue. Une maladie aiguë sévère peut nécessiter une étude du sommeil. On a rapporté le besoin d’oxygène d’appoint chez 6,6 % des personnes hospitalisées 60 jours après une COVID-19 aiguë en raison d’une hypoxémie nocturne, qui peut persister plus de 90 jours.
  • L’évaluation des palpitationsPalpitations cardiaques et sensation d’avoir le cœur qui bat vite, fort ou de façon irrégulière. devrait comprendre un examen des signes vitaux orthostatiques et un électrocardiogramme à 12 dérivations. Le dysfonctionnement autonome cardiovasculaireTrouble du fonctionnement du système nerveux autonome (SNA) aussi appelé dysautonomie. Le SNA est responsable des fonctions involontaires – qui se déroulent sans qu’on y pense. a été associé à la COVID longue. La surveillance Holter peut permettre de distinguer la tachycardieLe terme médical « tachycardie » désigne une fréquence cardiaque de plus de 100 battements à la minute. sinusale inappropriée (l’arythmie associée le plus souvent à la COVID longue) des autres formes d’arythmie.

Traiter les symptômes répandus et possiblement modifiables de la COVID longue chez les adultes(7) :

  • La fatigue devrait être traitée grâce à des stratégies de conservation de l’énergie. Pour éviter de précipiter le malaise consécutif à l’effort, il faudrait recommander aux patients d’entreprendre un programme de reprise des activités structuré et guidé par les symptômes, conçu en fonction de la gravité de leur fatigue.
  • Le recours à des interventions psychosociales et à des médicaments respectant des lignes directrices peut permettre de traiter les problèmes de santé mentale qui constituent des complications de la COVID longue. Ces lignes directrices sont semblables aux recommandations qui s’appliquent aux personnes atteintes du syndrome de fatigue chronique, une autre maladie persistante caractérisée par un vaste éventail de symptômes dont le plus répandu est la fatigue extrême.
  • Les exercices de respiration, de positionnement et de réadaptation pulmonaire peuvent atténuer l’essoufflement.
  • Les personnes ayant des problèmes de sommeil devraient obtenir du counseling sur l’hygiène du sommeilHabitudes et pratiques qui favorisent le maintien d’un sommeil de qualité., les techniques de relaxation et le contrôle des stimuli. La thérapie cognitivo-comportementale ou les médicaments d’ordonnance peuvent aussi contribuer à améliorer le sommeil.
  • Il existe des lignes directrices portant sur le traitement des palpitations et de la tachycardie ayant des causes précises. Les recommandations en vigueur pour le traitement de la tachycardie sinusaleLa tachycardie sinusale est un type de battement de cœur irrégulier caractérisé par un rythme cardiaque plus rapide que la normale. inappropriée et du syndrome de tachycardie orthostatique posturaleLe STOP est une accélération anormale de la fréquence cardiaque qui se produit quand une personne s’assied ou se met debout. Les étourdissements et l’évanouissement font partie des symptômes typiques. comprennent les changements comportementaux, la prise de liquides oraux, le sel, les bas de compression, les bêta-bloquants, l’ivabradine et la midodrine.

Références

  1. Quinn KL, Razak F, Cheung AM. Diagnosing post-COVID-19 condition (long COVID) in adults. Canadian Medical Association Journal. 2023;195(2):E78-E9.
  2. Chen C, Haupert SR, Zimmermann L, Shi X, Fritsche LG, Mukherjee B. Global prevalence of post-coronavirus disease 2019 (COVID-19) condition or long COVID: a meta-analysis and systematic review. The Journal of Infectious Diseases. 2022;226(9):1593-607.
  3. Frequency and impact of longer-term symptoms following COVID-19 in Canadian adults. Ottawa : Gouvernement du Canada; 2022. [https://health-infobase.canada.ca/covid-19/post-covid-condition/results.html (consulté le 24 oct. 2022)]
  4. Nalbandian A, Sehgal K, Gupta A, Madhavan MV, McGroder C, Stevens JS et coll. Post-acute COVID-19 syndrome. Nature Medicine. 2021;27(4):601-15.
  5. Huang L, Li X, Gu X, Zhang H, Ren L, Guo L et coll. Health outcomes in people 2 years after surviving hospitalisation with COVID-19: a longitudinal cohort study. The Lancet Respiratory Medicine. 2022;10(9):863-76.
  6. Quinn KL, Razak F, Cheung AM. Assessing common and potentially modifiable symptoms of post-COVID-19 condition (long COVID) in adults. Canadian Medical Association Journal. 2023;195(2):E76-E7.
  7. Quinn KL, Cheung AM, Razak F. Treating common and potentially modifiable symptoms of post-COVID-19 condition (long COVID) in adults. Canadian Medical Association Journal. 2023;195(2):E80-E1.