Cette synthèse de données probantes a été compilée par des membres du secrétariat du GTIC et ne représente pas nécessairement l’opinion de tous les membres du GTIC.

Par Alexis Palmer-Fluevog

Des chercheurs de l’Université de Birmingham ont recruté une cohorte de personnes âgées pour comparer leur réponse immunitaire à un calendrier standard par rapport à un calendrier d’administration prolongé du vaccin de Pfizer-BioNTech. Dans cette prépublication, qui n’a donc pas été révisée par un comité de lecture, les chercheurs estiment qu’un intervalle de 12 semaines entre les doses favorise une réponse des anticorps 3,5 fois plus élevée que l’intervalle de trois semaines actuellement recommandé. Cette observation a des conséquences importantes sur la planification de la campagne de vaccination dans le monde.

 

De nombreux vaccins contre la COVID-19 sont administrés en deux doses : la première déclenche une réponse immunitaire et la seconde l’amplifie. Des essais antérieurs et des scénarios concrets ont démontré la grande efficacité du vaccin de Pfizer-BioNTech contre la COVID-19. Selon les recommandations actuelles, les deux doses doivent être administrées à trois semaines d’intervalle, mais en raison de multiples facteurs, de nombreux pays, y compris de nombreuses provinces du Canada, ont décidé de faire passer l’intervalle entre les doses de trois à 16 semaines.

Faits saillants

  • Les réponses en anticorps de pointe étaient amplifiées (3,5 fois plus fortes) chez les participants lorsque la deuxième dose était retardée à 12 semaines, même si les réponses cellulaires étaient plus basses (3,6 fois plus faibles).
  • La prolongation de l’intervalle entre les vaccins aurait donc le potentiel de stimuler et d’étendre l’immunité humorale.

 

Le groupe à l’étude était formé de 172 personnes autonomes de plus de 80 ans, recrutées par l’entremise de leurs médecins traitants. Toutes ont reçu le vaccin de Pfizer-BioNTech à l’intervalle de trois semaines standard ou à l’intervalle prolongé de 11 à 12 semaines après la première dose. Après des prélèvements de sang effectués de deux à trois semaines, puis de huit à neuf semaines après la seconde dose, l’analyse a révélé que les posologies à l’intervalle standard et prolongé conféraient toutes deux une forte réponse des anticorps, mais que les valeurs de pointe sont 3,5 fois plus élevées après la posologie à intervalle prolongé.

Puisque la demande de vaccins est élevée et que l’approvisionnement est faible, le Royaume-Uni, le Canada et d’autres pays ont décidé de retarder la seconde dose entre 12 et 16 semaines suivant la première, dans un effort pour étendre l’immunité « de la première dose » auprès d’une plus grande proportion de la population. Les résultats présentés dans cet article sont rassurants, mais les auteurs soulignent qu’ils se limitent au vaccin de Pfizer. Par ailleurs, les pays doivent évaluer si les variants en circulation dans leur région accroissent le risque d’infection après une vaccination partielle.

 

Parry HM, Bruton R, Stephens C, Brown K, Amirthalingam G, Hallis B, Otter A, Zuo J, Moss P. Extended interval BNT162b2 vaccination enhances peak antibody generation in older people. medRxiv. Le 17 mai 2021. doi : 10.1101/2021.05.15.21257017