Ceci est un résumé, rédigé par les membres du Secrétariat du GTIC, de :

Hall VG, Ferreira VH, Ku T, Ierullo M, Majchrzak-Kita B, Chaparro C, Selzner N, Schiff J, McDonald M, Tomlinson G, Kulasingam V, Kumar D, Humar A. Randomized Trial of a Third Dose of mRNA-1273 Vaccine in Transplant Recipients. N Engl J Med, le 11 août 2021. doi : 10.1056/NEJMc2111462.

Les résultats et/ou conclusions contenus dans cette recherche ne reflètent pas nécessairement les opinions de tous les membres du GTIC.

Les receveurs d’organes prennent souvent des immunosuppresseurs pour éviter de rejeter leur transplantation, mais ces médicaments nuisent à leur capacité d’acquérir une immunité efficace après la vaccination. En effet, il est démontré que leur réponse après deux doses d’un vaccin contre la COVID-19 est bien inférieure à celle des personnes non immunodéprimées. La Dre Deepali Kumar, une chercheuse financée par le GTIC, et ses collaborateurs du Réseau universitaire de santé de Toronto, ont réalisé la première étude contrôlée comparant les résultats cliniques après une troisième dose du vaccin à ARNm de Moderna à un soluté physiologique (un placebo) chez les receveurs d’organes. Dans un récent article du New England Journal of Medicine, les auteurs concluent qu’une troisième dose du vaccin était sécuritaire et très efficace pour accroître le taux d’anticorps chez les receveurs d’organes.

Selon des rapports antérieurs, peu de receveurs d’organes produisaient une réponse des anticorps détectable après la stratégie vaccinale standard à deux doses contre la COVID-19, si bien que bon nombre d’entre eux risquent de demeurer vulnérables à une maladie grave. La Dre Kumar et ses collègues ont effectué une étude auprès de 120 receveurs d’organes qui avaient déjà reçu deux doses du vaccin de Moderna et n’avaient pas été infectés par la COVID-19 auparavant. Les chercheurs ont évalué les taux d’anticorps, la capacité de neutralisation virale et la réponse des lymphocytes T un mois après une troisième dose du vaccin.

Faits saillants

  • Les taux d’anticorps dépassaient les limites d’anticorps anti-RBD préétablies par l’équipe pour suggérer la résistance à l’infection chez 55 % des patients à qui on avait administré la troisième dose du vaccin à ARNm (33 sur 60) par rapport à 18 % des patients du groupe témoin (dix sur 57).
  • Certains patients qui ont reçu la solution placebo au lieu de la troisième dose ont vu leurs taux d’anticorps augmenter, mais seulement de façon modeste par rapport aux taux des personnes qui ont reçu une troisième dose (de rappel) du vaccin. Ce phénomène peut être attribuable à l’activité immunitaire continue découlant des deux doses vaccinales standards que les membres du groupe placebo avaient déjà reçues.
  • La capacité de neutralisation globale des échantillons avait augmenté de manière remarquable chez les personnes qui avaient reçu la troisième dose du vaccin, mais n’a pas changé dans le groupe témoin (positivité de 60 % par rapport à 25 %).
  • La numération des lymphocytes T spécifiques au SRAS-CoV-2 était plus élevée dans le groupe qui avait reçu la troisième dose que dans le groupe témoin.
  • Seuls des effets secondaires légers ont été constatés après la troisième dose du vaccin. Les auteurs n’ont pas observé de rejet aigu d’organe, un facteur important pour vérifier l’innocuité de la troisième dose.

Les auteurs concluent que la troisième dose du vaccin était bien tolérée et efficace pour stimuler la réponse immunitaire spécifique contre le virus. Des résultats semblables ont été observés à l’égard du vaccin de Pfizer–BioNTech, auprès d’une cohorte de 101 receveurs d’un organe plein de France.

Les auteurs jugent qu’une troisième dose (de rappel) représente une solution valable et la recommandent auprès de cette population, sous réserve de l’approbation en matière de réglementation. Puisque certains patients seraient encore à risque, les mesures sanitaires devraient être maintenues, et la vaccination des proches de ces patients devrait être encouragée.