La pandémie de COVID-19 a frappé très durement les personnes âgées au Canada, causant un nombre disproportionné de cas graves et de décès. En date du 16 septembre 2022, les personnes de plus de 70 ans représentaient 82 % des décès, 35 % des hospitalisations aux soins intensifs et 50 % des hospitalisations attribuables à une infection au SRAS-CoV-2 au Canada (1).

À la lumière de ces chiffres, nous avons fait la synthèse des résultats d’études financées par le GTIC et étrangères afin de répondre aux questions suivantes. Nous espérons que ces renseignements susciteront votre intérêt et qu’ils vous seront utiles.

Les résidents des établissements de soins de longue durée (ÉSLD) du Canada ont encaissé très durement les deux premières vagues de la pandémie, qui sont à l’origine de taux très élevés d’issues graves et de décès.

Les trois premières vagues dans les ÉSLD du Canada

Vague de COVID‑19 Décès chez les résidents d’ÉSLD Impact sur les résidents d’ÉSLD et interventions
Première vague
Du 1er mars au 31 août 2020Souche dominante du SRAS-CoV-2 : sauvage (originelle)
  • 74 % des décès liés à la COVID-19 au Canada pendant cette période sont survenus dans des milieux de soins de longue durée (2, 3).
  • Nombre total de décès de résidents : 5 948(4).
  • L’Ontario et le Québec ont rapporté un nombre élevé de décès, comparativement aux autres provinces (4).
  • Les établissements n’étaient pas bien préparés à réagir aux éclosions.
  • L’équipement de protection individuelle (ÉPI) était insuffisant (5).
  • Le début de la pandémie a été marqué par une diminution du nombre de visites de médecins dans les ÉSLD et du nombre de transferts vers les hôpitaux pour le traitement de maladies chroniques et d’infections (3).
  • Beaucoup de travailleurs de la santé ont aussi contracté la COVID-19, ce qui a causé des pénuries de personnel. L’Ontario et le Québec ont d’ailleurs dû appeler les Forces armées canadiennes (FAC) en renfort dans les résidences gravement touchées (6). L’armée a rapporté que les pratiques de prévention et de contrôle des infections étaient inadéquates (fournitures médicales en quantités insuffisantes, formation insuffisante, ÉPI non disponible, etc.) dans les ÉSLD de l’Ontario (7).
  • Aucun vaccin n’était disponible.
Deuxième vague 

Du 1er septembre 2020 au 28 février 2021

Souche dominante du SRAS-CoV-2 : sauvage

  • Le nombre de décès liés à la COVID-19 est demeuré élevé pendant la deuxième vague et 61 % sont survenus dans des ÉSLD (2, 3).
  • Nombre total de décès de résidents d’ÉSLD : 5 204(4).
  • Certaines provinces, dont le Québec et la Nouvelle-Écosse, ont amélioré leur bilan au chapitre des décès par rapport à la première vague, tandis qu’ailleurs, la mortalité chez les résidents a plutôt augmenté (4).
  • Au cours de la deuxième vague, la transmission communautaire s’est accrue et les ÉSLD ont été plus nombreux à connaître des éclosions, ce qui s’est traduit par une augmentation des infections chez les résidents (2).
  • On a rapporté des pénuries d’ÉPI en 2020(5).
  • Jusqu’en décembre 2020, environ quatre résidences pour aînés sur cinq effectuaient régulièrement le dépistage de la COVID-19 auprès des résidents et du personnel (8). Certaines provinces, comme l’Ontario, avaient commencé à faire du dépistage dès mai 2020. De plus, des tests rapides ont été offerts dans les ÉSLD à partir de novembre 2020(9, 10).
  • Puisque le nombre de décès avait été très élevé pendant la première vague, le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) a recommandé que les résidents d’ÉSLD soient vaccinés en tout premier lieu. Entre le 15 janvier et le 31 mars 2021, 95 % des résidents d’ÉSLD dans la plupart des provinces et territoires ont reçu leur première dose du vaccin. Par comparaison, seulement 3 % de la population générale a reçu sa première dose pendant cette période 2, 11).
Troisième vague

Du 1er mars au 15 août 2021

Souche dominante du SRAS-CoV-2 : Variant Alpha (transmissibilité plus élevée que la souche sauvage)

  • On constate une réduction considérable du nombre de décès dus à la COVID-19 chez les résidents d’ÉSLD (5).
  • Nombre total de décès pendant cette vague : 505(4).
  • D’ailleurs, le nombre de décès rapportés dans les ÉSLD pendant la troisième vague a été inférieur aux prévisions pour cette période établies d’après la moyenne des cinq années précédentes (4).
  • La baisse du nombre de décès peut être attribuée à la vaccination et à l’amélioration des mesures de prévention et de contrôle des infections (5).
  • Beaucoup d’établissements ont rapporté l’utilisation régulière de masques, de gants ou de blouses. La reconfiguration des pièces, le dépistage régulier du SRAS-CoV-2 auprès du personnel, des visiteurs et des résidents, ainsi que le recours plus fréquent aux services de santé virtuels sont d’autres facteurs (5).

* Remarque : Les données à partir du 15 août 2021 et ultérieures pour les autres vagues n’étaient pas disponibles au moment d’écrire ces lignes. En date du 5 juillet 2022, on comptait au total 39 725 décès dans les établissements de soins de longue durée au Canada (12).


Figure 1 : Décès dus à la COVID-19 dans les établissements de soins de longue durée (ÉSLD) par 100 000 habitants et par vague pandémique. (Adaptation d’après les données de l’Institut canadien d’information sur la santé, consultées le 31 août 2022) (4).

Les taux d’issues graves et de décès liés à la COVID-19 sont plus élevés chez les aînés depuis le début de la pandémie

Figure 2 : Distribution des décès, hospitalisations et admissions en soins intensifs liés à la COVID-19 au Canada au 16 septembre 2022, par groupes d’âge (1) (Adaptation à partir des données de l’Infobase de la santé publique, consultées le 21 septembre 2022.)

Au 16 septembre 2022, on constatait que le bilan de la COVID-19 était particulièrement lourd chez les personnes âgées du Canada depuis le début de la pandémie :

  • Les personnes de plus de 70 ans comptaient pour 82,1 % du nombre total de décès liés à la COVID-19 rapportés au Canada; chez celles de 80 ans ou plus, cette proportion atteignait 60,7 % (1).
  • Les personnes de plus de 70 ans représentaient 49,7 % de l’ensemble des hospitalisations associées à une infection au SRAS-CoV-2 au Canada et 34,9 % des admissions aux soins intensifs. Dans ce groupe, les personnes de 80 ans ou plus représentaient 29,3 % de toutes les hospitalisations et 11,7 % des
    admissions aux soins intensifs (1).

Figure 3 : Distribution des décès, hospitalisations et admissions en soins intensifs liés à la COVID-19 au Canada au 16 septembre 2022, par groupes d’âge (1) (Adaptation à partir des données de l’Infobase de la santé publique, consultées le 21 septembre 2022.)

L’âge avancé, la santé fragile et les maladies concomitantes (autres problèmes de santé) sont les facteurs de risque de décès de la COVID-19 les plus répandus et les plus importants.

  • La santé fragile et l’âge avancé sont en corrélation avec des taux de mortalité élevés au sein d’un groupe de patients atteints de la COVID-19 dont l’âge médian est de 71 ans, d’après une étude financée par le GTIC (McNeil et coll.) (13).
  • L’âge avancé s’accompagne souvent de plusieurs problèmes de santé sous-jacents qui font augmenter le risque de mortalité de la COVID-19(14).
  • L’âge exact et le sexe n’auraient pas une influence majeure sur le risque d’être infecté par le variant Omicron, selon une prépublication datant de juin 2022 – qui n’a donc pas encore été révisée par un comité de lecture – soumise par des chercheurs financés par le GTIC (PrsCosta, Bowdish et coll.). La cohorte étudiée était composée de personnes dont l’âge médian était de 87 ans vivant dans des résidences pour aînés et de soins de longue durée (15).
  • Les caractéristiques uniques des résidences pour aînés (p. ex. : grande capacité, présence d’unités de soins de longue durée et prestation de multiples services sur place) sont associées individuellement aux éclosions de SRAS-CoV-2, comme le démontrent des études financées par le GTIC (16-18).

Au 11 septembre 2022, plus de 98 % des Canadiens de 70 ans ou plus avaient reçu deux doses de vaccin contre la COVID-19. Parmi ceux-ci, 88 % avaient reçu une dose supplémentaire et 53 % des personnes de 70 ans ou plus avaient reçu deux doses supplémentaires de vaccin (19).

Deux doses ont été efficaces, mais ne suffisent plus pour les aînés du Canada

  • Trois semaines après avoir reçu la première dose, les personnes âgées présentaient des réponses anticorps et de neutralisation plus faibles que les adultes plus jeunes. Cependant, deux semaines après l’administration de la deuxième dose, leur activité de neutralisation avait remonté (20). Ces constatations émanent d’une étude financée par le GTIC et menée dans le cadre de l’initiative Wellness Hub par la DreAllison McGeer, la Dre Sharon Straus, la Pre Anne-Claude Gingras et leur équipe.
  • Avant la vague Omicron, deux doses de vaccin présentaient une efficacité de 52,5 % contre l’infection et de 78,6 % pour prévenir la maladie grave chez les résidents d’ÉSLD (21).
  • Les taux d’anticorps neutralisants diminuent toutefois plus vite chez les adultes plus âgés : on a observé une diminution importante (un déclin important) des titres d’anticorps au sein d’une cohorte d’adultes âgés dans la période de trois à six mois suivant la deuxième dose (20) par rapport à ce qui a été observé dans un groupe de personnes plus jeunes aux fins de comparaison.
  • Selon les données compilées par le GTIC, de 10 % à 35 % des résidents d’ÉSLD n’avaient pas développé d’anticorps neutralisants à un niveau détectable après deux doses de vaccin (20, 22).
  • Après deux doses, l’âge avancé était associé à des taux plus faibles d’anticorps neutralisants comparativement aux taux observés dans un groupe de personnes plus jeunes. Par contraste, la vaccination combinée à une infection antérieure au SRAS-CoV-2 était associée à des taux plus élevés d’anticorps neutralisants, selon les constatations de chercheurs financés par le GTIC (DrMark Brockman et coll.) (23).

Les doses de rappel procurent des avantages considérables aux aînés canadiens

Puisque l’immunité diminue au fil du temps, les doses de rappel ont été offertes juste à temps aux aînés du Canada. S’ajoutant aux deux doses de départ, les doses de rappel ont conféré une protection importante contre les issues graves et les décès attribuables aux variants du SRAS-CoV-2. De plus, les doses de rappel ont protégé les résidents d’ÉSLD des pires issues de l’infection par les variants Delta et Omicron.

  • Ainsi, trois doses de vaccin réduisent le risque d’hospitalisation liée à la COVID-19 de 90 % chez les résidents n’ayant contracté aucune infection antérieurement et une quatrième dose de tout vaccin à ARNm réduit de 81 % le risque d’infection chez les résidents d’ÉSLD, d’après une étude financée par le GTIC menée par les PrsCosta et Bowdish (15).
  • La concentration d’anticorps des résidents d’ÉSLD a augmenté de façon significative immédiatement après une troisième dose, pour ensuite recommencer à diminuer – ce qui s’apparente aux observations faites après la deuxième dose et laisse croire que des doses supplémentaires sont nécessaires, a révélé une étude financée par le GTIC menée par l’équipe du DrRomney, de la Pre Brumme et du Pr Brockman (24).
  • Un mois après une troisième dose de vaccin, on a observé une réponse humorale plus faible chez les personnes présentant plus de problèmes de santé chroniques (24).

Moderna plus efficace que Pfizer chez les aînés du Canada, la combinaison de marques est acceptable et un intervalle plus court entre les doses est idéal pour les personnes âgées

Les deux vaccins à ARNm sont très efficaces, quoique celui de Moderna présente certains avantages par rapport à celui de Pfizer, d’après des études menées à l’étranger et par plusieurs groupes de chercheurs financés par le GTIC, dont l’équipe des Prs Bowdish et Costa et une équipe dirigée par la Dre McGeer, la Dre Straus, et la Pre Gingras :

  • Les résidents d’ÉSLD ayant reçu le vaccin Spikevax de Moderna présentaient des anticorps de meilleure qualité, en plus grand nombre et d’une durée de vie plus longue que les anticorps des résidents ayant reçu le vaccin Comirnaty de Pfizer (20, 22).
  • Les résidents d’ÉSLD ayant reçu le vaccin Spikevax de Moderna produisaient plus de lymphocytes T CD4+, indicateurs de la mémoire immunitaire, que ceux ayant reçu le vaccin Comirnaty de Pfizer (diapo 51) (25).
  • Une série de deux doses des vaccins Moderna et Pfizer assurait un degré élevé de protection contre les hospitalisations liées à la COVID-19, selon une évaluation réalisée en conditions réelles dans 21 hôpitaux des États-Unis entre mars et août 2021. Cette étude a révélé une efficacité vaccinale contre l’hospitalisation liée à la COVID-19 qui s’élevait à 93 % avec deux doses du vaccin de Moderna et à 88 % avec deux doses du vaccin de Pfizer-BioNTech (26).
  • D’autres résultats laissent croire que la protection offerte par le vaccin de Pfizer déclinerait plus rapidement chez les personnes âgées : le taux de décès chez les personnes de 65 ans ou plus ayant reçu ce vaccin entre janvier et mars 2021 était plus élevé que chez celles qui l’avaient reçu plus tard (juillet 2021), tandis que la protection contre le décès se maintenait pour les personnes vaccinées avec Moderna (27).
  • Trois doses de Moderna présentaient une efficacité supérieure de 47 % à trois doses de Pfizer pour protéger les résidents d’ÉSLD contre l’infection (15).

Quatre semaines après la deuxième dose, la combinaison des vaccins à ARNm (Pfizer et Moderna) avec le vaccin à vecteur viral d’AstraZeneca ne faisait pas de différence, selon certaines données. En effet, la combinaison de ces vaccins n’a pas été associée à une différence significative entre les réponses anticorps, ce qui indiquerait qu’ils sont interchangeables, d’après l’étude UNCoVER financée par le GTIC et dirigée par le Dr Donald Vinh (28).

Bien que l’on ait constaté qu’un intervalle plus long entre les doses est généralement bénéfique pour les jeunes, des études indiquent qu’il y a des limites supérieures au bénéfice pour les personnes âgées avec des intervalles prolongés. En effet, les effets immunologiques de différents intervalles entre les doses ont été examinés dans le cadre d’études financées par le GTIC portant sur les résidents d’ÉSLD :

  • Un intervalle plus long entre les doses engendre des taux d’anticorps anti-RBD plus faibles au fil du temps, selon l’étude StopCOV dirigée en Ontario par la Dre Sharon Walmsley (29).
  • L’intervalle maximal entre la première et la deuxième dose est probablement de 16 semaines, surtout chez les résidents d’ÉSLD n’ayant jamais été infectés, d’après l’étude UNCoVER réalisée à Montréal (28).

Le variant Omicron est plus difficile à neutraliser que la souche sauvage du virus, quelle que soit la tranche d’âge et même après trois doses de vaccin. Cependant, la réponse des personnes âgées du Canada est comparable à celle de tout Canadien plus jeune après trois doses, selon les constatations de chercheurs financés par le GTIC (24, 30).

La capacité de neutralisation spécifique à Omicron déclinait cependant plus vite chez les aînés que chez les adultes plus jeunes après trois doses. Six mois après la vaccination, la capacité de neutralisation était indétectable chez 96 % des adultes âgés « COVID-naïfs » (31).

Pendant la vague Omicron, une quatrième dose administrée aux aînés rehaussait l’efficacité vaccinale (95 % des sujets ont reçu le vaccin de Moderna en quatrième dose). Sept jours ou plus après une quatrième dose, on a constaté que l’efficacité vaccinale atteignait 49 % contre l’infection, 61 % contre l’infection symptomatique et 86 % contre les issues graves. Par comparaison, l’efficacité vaccinale 84 jours ou plus après une troisième dose atteignait 19 % contre l’infection, 31 % contre l’infection symptomatique et 40 % contre les issues graves. Ces données émanent des recherches d’experts financés par le GTIC, le Pr Andrew Costa et le Dr Jeffrey Kwong (32).

Étant donné que les taux d’immunité découlant de la vaccination en 2021 sont très élevés et que plus de la moitié des Canadiens ont été infectés pendant la vague Omicron en 2022, l’immunité hybride (résultat de l’infection ET de la vaccination) est la nouvelle norme. Jusqu’ici, les études démontrent que chez les résidents d’ÉSLD qui ont survécu à la COVID-19, qui n’ont développé aucune autre maladie des suites de l’infection et qui ont été vaccinés, l’immunité est supérieure et dure plus longtemps que chez ceux qui ont seulement contracté l’infection ou seulement été vaccinés.

  • Chez les résidents d’ÉSLD qui présentaient une immunité hybride (pleinement vaccinés ET ayant contracté une infection au SRAS-CoV-2 à l’automne 2021, soit trois mois ou moins après le début de la vague Omicron), l’immunité était plus robuste, c’est-à-dire que leur risque d’être de nouveau infectés diminuait de 48 %, d’après une prépublication récente financée par le GTIC (15).
  • Une étude a démontré qu’une infection antérieure avec la souche sauvage ou le variant Delta induisait une production plus élevée d’anticorps neutralisants qui empêchaient la réinfection par la même souche. Toutefois, dans les mêmes échantillons de sang, la capacité de neutraliser le variant Omicron était inférieur (30).
  • Une autre étude a révélé qu’une infection postvaccinale (après la vaccination) entraînait une meilleure réponse immunitaire contre les réinfections par la souche sauvage et par le variant Omicron, comparativement aux vaccins seuls (31).

Auparavant, les seuls vaccins contre la COVID-19 offerts au Canada étaient monovalents – ciblant seulement le nouveau coronavirus originel. Le nouveau vaccin bivalent de Moderna (baptisé Spikevax Bivalent, ciblant le variant Omicron B.1.1.529, ou BA.1) est maintenant autorisé par le gouvernement du Canada pour une utilisation chez les adultes de 18 ans ou plus (33). Santé Canada évalue à l’heure actuelle un autre vaccin candidat bivalent à administrer en dose de rappel, celui de Pfizer-BioNTech, aussi aux fins d’utilisation chez les adultes de 18 ans ou plus(33).

  • La première dose de rappel de vaccin bivalent de Moderna a démontré une production des titres neutralisants supérieure à celle du vaccin mRNA-1273 (le vaccin monovalent de Moderna) contre tous les variants préoccupants, y compris Omicron BA.1 et BA.5. Cette supériorité s’est maintenue pendant six mois après l’administration de la dose de rappel (34).
  • Les personnes les plus susceptibles d’être gravement malades – les personnes âgées, immunodéprimées ou atteintes de maladies concomitantes comme le diabète, les maladies rénales ou une maladie pulmonaire sous-jacente – sont celles pour qui une dose de rappel d’un vaccin bivalent serait la plus bénéfique.

La « fatigue pandémique » est un facteur crucial qui pourrait compliquer les efforts visant à contenir à la COVID-19 par la vaccination. Ce phénomène, caractérisé par la perte de la motivation à appliquer les interventions non pharmaceutiques (INP) recommandées comme le port du masque et la distanciation physique, a été mis en cause parmi les facteurs ayant contribué à la propagation récente du virus.

  • Les données de modélisation donnent à croire que les infections, les hospitalisations et les décès ont atteint les taux les plus élevés alors que personne n’avait été vacciné (scénario de référence) et les taux les plus bas après le déploiement de la vaccination ET l’utilisation assidue des INP dans les ÉSLD (35).
  • Selon certaines études écologiques, la mise en œuvre de politiques communautaires de port du masque à l’échelle nationale et régionale serait associée à une diminution des infections, des hospitalisations et de la mortalité (36, 37). Dans un article de synthèse (38), on a observé que le port du masque était associé à une réduction significative du risque d’infection (rapport de cotes [OR]= 0,38). De plus, chez les travailleurs de la santé, le port du masque a été associé à une diminution de près de 70 % du risque d’infection (38).
  • Les données probantes indiquent que le maintien d’une distance d’au moins un mètre réduit le risque de transmission de la COVID-19, comparativement à une distanciation de moins d’un mètre (rapport de cotes ajusté [aOR] – 0,18). Cependant, la distanciation de deux mètres pourrait être encore plus efficace, ce qui laisserait croire que la protection contre la transmission de la COVID-19 s’améliore à mesure que la distance augmente (variation relative du risque – 2,02) (39-41).
  • L’hygiène des mains peut réduire le risque d’infection par contact avec les surfaces contaminées par des virus et des bactéries (42, 43). De même, le nettoyage et la désinfection des surfaces fréquemment touchées pourraient contribuer à réduire la présence du SRAS-CoV-2 sur les surfaces environnantes (44).

Jusqu’à maintenant, les études démontrent que l’immunité chez les personnes âgées dure de trois à six mois (20, 22). Par conséquent, on peut présumer qu’une dose de rappel sera nécessaire environ tous les six mois après un événement conférant une immunité (soit l’administration d’une dose de rappel ou une infection au SRAS-CoV-2, selon la dernière occurrence) pour obtenir une protection adéquate.

À l’heure actuelle, selon les lignes directrices du CCNI, il sera très important pour les personnes âgées et les autres populations à risque d’être gravement malades d’obtenir une dose de rappel de n’importe quel vaccin autorisé contre la COVID-19 à l’automne 2022, et ce, peu importe le nombre de doses de rappel déjà reçues (45).

« Une fois qu’une personne a reçu trois doses, la chose la plus importante n’est plus le nombre de vaccins reçus mais bien le temps écoulé depuis la dernière dose, déclare la Pre Bowdish. Deux doses ne suffisent pas à vous protéger contre une infection grave au variant Omicron, alors vous devez obtenir la troisième dose aussitôt que possible. La protection contre une infection symptomatique au variant Omicron diminue en trois à cinq mois après l’administration d’une dose de rappel. Cela signifie que si vous pouvez vous faire vacciner au début d’une vague, vous aurez une protection maximale au moment où vous êtes le plus susceptible d’être infecté. »

D’après les Prs Costa et Bowdish et leur équipe, le seul risque qui pourrait découler d’un trop grand nombre de doses de rappel pourrait être l’épuisement immunitaire, c’est-à-dire une perte de réactivité des cellules immunitaires aux antigènes en raison d’une exposition excessive à ces antigènes. Cependant, ce phénomène n’a jamais été observé après la vaccination à répétition. En effet, les doses de rappel (celles qui s’ajoutent aux deux premières doses) semblent être très efficaces pour prévenir les formes graves de la COVID-19 chez les adultes âgés en prolongeant la durée de la protection.

Les chercheurs sont peu nombreux à soutenir que les résidents d’ÉSLD et aînés du Canada devraient porter le masque en tout temps. Cependant, la robustesse du système immunitaire de chacun varie beaucoup en fonction de plusieurs facteurs, comme on peut le constater plus haut. La Pre Bowdish mentionne aussi que certaines personnes qui sont âgées ou qui prennent des médicaments immunosuppresseurs ne sont pas protégées du tout par la vaccination. Il est possible que leur système immunitaire n’arrive pas à créer une réponse assez forte ou que la réponse créée perde très vite de sa puissance. Les variants Omicron qui circulent à l’heure actuelle sont particulièrement efficaces pour infecter les gens qui répondent moins bien à la vaccination.

Voici donc les conseils de la Pre Bowdish, fondés sur ses recherches :

  • Portez un masque bien ajusté à l’intérieur ou dans les endroits où il y a beaucoup de gens : c’est un excellent moyen de vous protéger, de même que votre communauté.
  • Évitez les endroits non ventilés et privilégiez les rassemblements à l’extérieur autant que possible.
  • Obtenez des soins médicaux sans délai. Si vous avez un problème de santé chronique, en gardant ce problème sous-jacent sous contrôle, vous combattrez mieux une infection grave.
  • Encouragez vos amis et vos proches à porter le masque, à se rassembler à l’extérieur et à tenir leur vaccination à jour. Évitez les personnes qui présentent des symptômes.
  • Faites savoir aux politiciens et aux leaders que cet enjeu est important pour vous. Encouragez-les à donner suite aux initiatives visant à améliorer les normes de ventilation, à fournir des masques et à accentuer le dépistage.
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