This evidence review was compiled by members of the CITF Secretariat with the input from experts affiliated with the CITF and does not necessarily reflect the views of all CITF members.

Par Varun Anipindi

Les virus subissent des mutations naturelles lorsqu’ils se reproduisent. La plupart des mutations n’ont généralement pas d’importance pour la santé humaine ou les stratégies sanitaires. Cependant, pendant la présente phase de la pandémie de COVID-19, trois variants précis ont émergé, circulent désormais dans le monde entier et sont des sources de préoccupation (1).

Au   R.oyaume-Uni, le variant B.1.1.7 du SARS-CoV-2 s’est développé et semble se propager avec plus d’efficacité que la souche initiale. Ce variant, qui a subi une mutation dans le domaine de liaison du récepteur (RBD) de la protéine spiculaire, est associé à une plus grande transmissibilité et à un risque de décès plus élevé que les autres variants (2). La protéine spiculaire d’un autre variant,  le variant B.1.351 (ou 501.Y.V2), d’abord identifié en Afrique du Sud, renferme de multiples mutations. Enfin, le variant P.1, qui contient trois mutations du RBD sur la protéine spiculaire, a d’abord fait son apparition au Brésil.

Les chercheurs s’affairent actuellement à comprendre l’effet possible des variants sur l’efficacité des vaccins homologués contre la  COVID-19. Des études préliminaires réalisées par Muik et coll. (3) et Xie et coll. (4) ont révélé que les titres neutralisants du vaccin à ARNm  de  Pfizer-BioNtech  ne perdaient pas leur efficacité pour neutraliser le variant B.1.1.7 et les autres variants N501Y dans le sérum des patients. Cependant, Wu et coll. (5) ont récemment  démontré une réduction importante de la capacité neutralisante du vaccin à ARNm-1273 de Moderna contre le variant B.1.351 dans le sérum des patients vaccinés. Une autre étude, effectuée par Wang Z et coll. (6), a évalué les capacités fonctionnelles des anticorps produits par le vaccin, prélevés chez des personnes ayant reçu le vaccin à ARNm-1273 de Moderna ou le vaccin BNT162b2 de Pfizer-BioNTech. Une dose complète du vaccin conférait de solides taux d’anticorps neutralisants. Cette capacité neutralisante diminuait légèrement, mais de manière significative, à l’égard de certains variants testés (notamment, les variants codant les mutations E484K, N501Y ou K417N:E484K:N501Y). Fait intéressant, on a constaté une diminution radicale sinon la suppression de la capacité de près de 14 des 17 anticorps monoclonaux les plus puissants utilisés pour le traitement de la COVID-19 à neutraliser les variants viraux exprimant ces mutations. Ces constatations ont été confirmées par les observations de Wibmer et coll. (7), qui ont démontré la réduction substantielle ou même la suppression des capacités neutralisantes de trois grandes classes d’anticorps monoclonaux contre le variant B.1.351.

Ensemble, ces études ont établi que, même si les vaccins homologués en ce moment semblent toujours largement efficaces contre ces variants émergents, les anticorps monoclonaux utilisés en clinique devront être constamment réévalués à mesure que surgiront  de nouvelles mutations et de nouvelles souches  dans  le paysage pandémique mondial. Tant Pfizer que Moderna sont à mettre au point et à mettre à l’essai des formulations de doses de rappel pour contrer certains variants inquiétants.

Figure 1. De récents  variants  à  propagation rapide ont  été  observés  partout  dans  le  monde.  Certaines  mutations   pourraient conférer des  avantages  sélectifs  au  virus, comme une plus grande transmissibilité ou l’évasion immunitaire. Il faut surveiller attentivement  l’apparition  et  la  propagation  des mutations.