Au Canada, les centres urbains comptent nombre de populations vulnérables qui risquent davantage de contracter le SRAS-CoV-2 et de développer de graves complications de la COVID-19. Le gouvernement du Canada, par l’entremise du Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 (GTIC) et du Groupe de référence sur la surveillance des vaccins (GRSV), investit quelque 770 000 $ dans une nouvelle étude qui examinera l’adoption, l’efficacité et les effets secondaires des vaccins contre la COVID-19 chez des membres de populations urbaines vulnérables au Canada.

Les participants à l’étude présentent des facteurs de risque comme l’itinérance et la pauvreté, peuvent vivre dans des milieux collectifs tels que des logements sociaux ou des établissements correctionnels, peuvent souffrir de toxicomanie ou de problèmes de santé dus à un système immunitaire affaibli, ou peuvent avoir une alimentation et une hygiène insuffisantes ou des conditions de vie inadéquates. À ces risques s’ajoutent des obstacles à la vaccination, allant de la stigmatisation à la discrimination, auxquels ils sont déjà confrontés lorsqu’ils veulent avoir accès à des soins de santé.

Plus de 250 personnes consommant des drogues et venant de trois cohortes de la communauté de Vancouver en Colombie-Britannique seront recrutées. Il leur sera demandé de fournir un échantillon de sang et de répondre à un questionnaire lors d’une première consultation (de référence), puis de se présenter à trois consultations de suivi (une tous les deux mois) jusqu’au 31 mars 2022. À la suite de la première consultation, les chercheurs visent à évaluer l’adoption de la vaccination, ainsi qu’à suivre et à étudier les effets secondaires potentiels des vaccins. On prévoit que les résultats de cette étude, combinés aux données d’autres études pertinentes sur la COVID-19 qui sont menées au Canada, contribueront à une meilleure compréhension des vaccins et des populations vulnérables du Canada.

« Nombre de facteurs peuvent freiner une personne dans sa capacité ou sa volonté à se faire vacciner : son manque d’accès à un ordinateur, à un téléphone ou à un moyen de transport, ou sa méfiance pour le système de santé à cause de diverses expériences désastreuses ou défavorables dans le passé », dit Brittany Barker, coresponsable de l’étude, chercheuse au British Columbia Centre for Substance Use (BCCSU) et boursière de recherches postdoctorales à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) dont les travaux antérieurs portaient sur des jeunes de la rue qui consomment des drogues. « Par exemple, des Autochtones ont été soumis à des expériences médicales approuvées par le gouvernement dans des hôpitaux et pensionnats pour Autochtones et continuent de subir de la discrimination et du racisme dans le système de soins de santé de la C.-B. Ces préjudices sont plus graves pour les consommateurs de drogues et peuvent entraîner une réticence à se faire vacciner. Pour l’étude, nous travaillons avec des membres de la communauté afin de déterminer des stratégies susceptibles de répondre à ces préoccupations et d’améliorer la confiance à l’égard de la vaccination et l’accès aux vaccins de façon sûre et centrée sur la personne. »

« La Colombie-Britannique est aux prises avec deux urgences de santé publique, les surdoses et la COVID-19. Or, beaucoup de membres de notre communauté qui consomment des drogues et qui vivent dans le Downtown Eastside de Vancouver estiment avoir été exclus des mesures à prendre face à la pandémie et avoir été priorisés seulement par crainte de l’infection d’autres personnes, à cause d’un manque de logement et de besoins en matière de drogues », dit Erica Thomson, directrice exécutive de la BC/Yukon Association of Drug War Survivors et cochercheuse de l’étude. « À la forte méfiance existante vis-à-vis du système de santé se greffe beaucoup de désinformation sur la pandémie et les vaccins, en particulier parmi les plus marginalisés parce qu’ils peuvent être incapables d’accéder à des informations précises. En tant que consommatrice de drogues, je me suis jointe à l’équipe de recherche afin de dissiper les malentendus au sujet de l’information sur la COVID-19 et les vaccins. J’espère produire des données pour que les gens puissent faire des choix éclairés au sujet de leur santé, y compris de la vaccination. »

 Outre de s’intéresser au manque de connaissances lié à la réticence face à la vaccination, les chercheurs analyseront les échantillons sanguins recueillis à chaque consultation pour mesurer les effets des vaccins sur le système immunitaire des participants et la durée de l’immunité pendant la période étudiée. Ils évalueront aussi l’efficacité des vaccins contre le SRAS-CoV-2 et en compareront l’efficacité chez des sous-groupes de populations vulnérables.

« Les vaccins contre le coronavirus n’ont pas été testés spécifiquement chez les consommateurs de drogues », note Hudson Reddon, l’autre coresponsable de l’étude et boursier de recherches postdoctorales à la UBC. « Si nous ne nous attendons pas à trouver des éléments prouvant que ces vaccins ne sont pas aussi efficaces chez les consommateurs de drogues, le fait d’en démontrer les effets secondaires et l’efficacité contribuera à rassurer les gens appartenant à des populations urbaines vulnérables qui sont aux prises avec les deux urgences de santé publique que sont les surdoses de drogues et la COVID-19. »

« Pour diverses raisons, nous savons que l’accès aux soins médicaux est un défi pour nos populations urbaines vulnérables », souligne le Dr Scott Halperin, codirecteur du GRSV. « Avec cette recherche, le GRSV vise à générer des données scientifiques qui guideront la santé publique dans l’adaptation des stratégies de manière à accroître la confiance en la vaccination et l’adoption des vaccins et, à terme, à mieux soigner et protéger nos populations urbaines vulnérables. »

« La pandémie de COVID-19 n’a pas touché tout le monde de façon égale. Les personnes qui vivent dans des centres urbains au Canada et qui présentent des facteurs de risque, comme une consommation problématique de substances, l’itinérance et la pauvreté, ont souffert de conséquences négatives disproportionnées sur leur santé », a indiqué la Dre Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique du Canada. « L’étude appuiera l’élaboration de stratégies plus efficaces en matière de vaccination et de santé publique pour atteindre les personnes qui sont les plus vulnérables aux préjudices et aux conséquences graves de la COVID-19 en zone urbaine. »

L’étude est réalisée avec des chercheurs du BC Centre on Substance Use, de la BC/Yukon Association of Drug War Survivors, du BC Centre for Disease Control et de Vancouver Coastal Health.

Liste de chercheurs :

  • M-J Milloy, Ph. D., chercheur, BCCSU; professeur titulaire de la chaire Canopy Growth en science du cannabis, Département de médecine, UBC;
  • Brittany Barker, Ph. D., chercheuse, BCCSU; boursière de recherches postdoctorales, Département de médecine, UBC;
  • Hudson Reddon, Ph. D., associé de recherche, BCCSU; boursier de recherches postdoctorales, Département de médecine, UBC;
  • Erica Thomson, directrice exécutive, BC/Yukon Association of Drug War Survivors
  • Sofia Bartlett, Ph. D., boursière de recherches postdoctorales, BC Centre for Disease Control & Département de médecine, UBC
  • Agatha Jassem, Ph. D., microbiologiste clinicienne, BC Centre for Disease Control Public Health Laboratory; professeure adjointe de clinique, Département de pathologie et médecine de laboratoire, UBC
  • Muhammad Morshed, Ph. D., microbiologiste clinicien, BC Centre for Disease Control Public Health Laboratory; professeur de clinique, Département de pathologie et médecine de laboratoire, UBC
  • Inna Sekirov, MD, Ph. D., médecin microbiologiste, BC Center for Disease Control Public Health Laboratory
  • Eugenia Socias, chercheuse, BCCSU; professeure adjointe, Département de médecine, UBC

Le Groupe de référence sur la surveillance des vaccins

Le Groupe de référence sur la surveillance des vaccins (GRSV) soutient le suivi de l’innocuité et de l’efficacité des vaccins contre la COVID-19 au Canada. Ce consortium d’organisations du Canada — Agence de santé publique du Canada (ASPC), Réseau canadien de recherche sur l’immunisation (RCRI), Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) et Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 (GTIC) — mutualise l’expertise en surveillance des vaccins. Le GRSV relève de l’ASPC et est soutenu par le Secrétariat du GTIC. Il est coprésidé par le dirigeant du RCRI et de l’ancienne présidente du CCNI. Par l’intermédiaire du comité exécutif du GTIC, le GRSV a notamment pour responsabilités de formuler des recommandations à l’ASPC sur le financement d’équipes de recherche en mesure d’étudier des aspects importants de la réponse immunitaire, de l’innocuité et de l’efficacité des vaccins contre la COVID-19 qui présentent une pertinence pour la santé publique et s’intéressent à tous les groupes prioritaires. Pour plus d’information, consultez : www.covid19immunitytaskforce.ca/fr/groupe-de-reference-sur-la-surveillance-des-vaccins-grsv/

Le Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19

Fin avril 2020, le gouvernement du Canada a mis sur pied le Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19. Encadré par des dirigeants bénévoles, dont des scientifiques et des experts canadiens de premier plan rattachés à des universités et à des établissements de soins de santé de partout au Canada, le GTIC s’efforce de comprendre la nature de l’immunité liée au nouveau coronavirus qui cause la COVID-19. Pour ce faire, le GTIC appuie nombre d’études qui visent à déterminer l’étendue de l’infection par le SRAS-CoV-2 au Canada (dans la population générale ainsi que dans des communautés précises et des populations prioritaires), à comprendre la nature de l’immunité à la suite d’une infection, à élaborer de meilleures méthodes de détection des anticorps, et à aider à surveiller l’efficacité et l’innocuité des vaccins au fil de leur déploiement partout au Canada. Le GTIC et son secrétariat collaborent étroitement avec divers partenaires, dont des gouvernements, des organismes de santé publique, des établissements, des organismes de santé, des équipes de recherche et d’autres groupes d’étude, et mobilisent les collectivités et les acteurs du dossier. Le GTIC a récemment été invité à soutenir la surveillance, l’efficacité et l’innocuité des vaccins dans la poursuite de son objectif global consistant à générer des données et des idées qui guident les interventions destinées à ralentir — et à terme à enrayer — la propagation du SRAS-CoV-2 au Canada. Pour plus d’information, consultez : www.covid19immunitytaskforce.ca/fr/

PERSONNES-RESSOURCES POUR LES MÉDIAS

BC Centre on Substance Use
Kevin Hollett
kevin.hollett@bccsu.ubc.ca
+1.778.918.1537

Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19/Groupe de référence sur la surveillance des vaccins
media@covid19immunitytaskforce.ca
Rebecca Burns
Cellulaire : +1.438.871.8763
Caroline Phaneuf
Cellulaire : +1.514.444.4532