Cette synthèse des preuves a été compilée par les membres du secrétariat du GTIC avec la contribution d’experts affiliés au GTIC et ne reflète pas nécessairement l’opinion de tous les membres du GTIC

Par Jeanie Quach

Depuis un an, le monde cherche à freiner la propagation de l’infection par le SRAS-CoV-2, à limiter le taux de mortalité et à déployer les vaccins. Pourtant, bien des gens n’ont aucune idée des effets à long terme de la COVID-19 qu’éprouvent des millions de gens rétablis de l’infection dans le monde. Certains confient éprouver des symptômes de la COVID-19 des semaines ou même des mois après l’infection. On parle alors de « COVID longue » ou de « symptômes post-COVID-19 », et les personnes qui en souffrent sont souvent qualifiées de « malades au long cours ».

On ne sait pas exactement pourquoi les symptômes tendent à persister chez certaines personnes. Ces symptômes sont variés, touchent des gens de tout âge, qui sont atteints ou non d’un autre trouble de santé. La gravité de la maladie (légère, modérée ou grave) ne permet pas d’établir qui sera atteint de la COVID longue. Bien des gens qui se considéraient comme actifs et en bonne santé se sont mis à éprouver de la difficulté à vaquer à leurs tâches quotidiennes après avoir été infectés par le SRAS-CoV-2 (1). Les symptômes courants incluent l’extrême fatigue, la toux, l’essoufflement, les douleurs articulaires et les douleurs thoraciques (25). Il est également possible de souffrir de céphalées, de douleurs musculaires, de fièvre, de palpitations cardiaques, d’un manque de concentration, de douleurs gastro-intestinales, de perte ou d’altération de l’odorat ou du goût et d’un « cerveau embrumé », caractérisé par des troubles de la mémoire, de l’attention et du fonctionnement multitâche (24). En plus de devoir composer avec ces symptômes, les personnes touchées signalent une diminution de la qualité de vie, y compris l’incapacité de profiter de certaines activités et de travailler.

Dans une étude italienne préliminaire auprès de 143 patients, les participants ont déclaré rétrospectivement la présence ou l’absence de symptômes pendant la phase aiguë de la maladie et ont indiqué si leurs symptômes persistaient lors du suivi post-COVID (en moyenne 60 jours après l’apparition des symptômes). Chez ceux qui s’étaient rétablis de la COVID-19 (et avaient obtenu un résultat négatif du SARS-CoV-2), 87,4 % ont signalé la persistance d’au moins un symptôme, les plus courants étant la fatigue et la dyspnée, suivis des douleurs articulaires et thoraciques (2).

Dans une étude de cohorte plus vaste réalisée en Chine, les chercheurs ont suivi 1 733 personnes pendant une moyenne de six mois après l’apparition des symptômes pour en évaluer les conséquences à long terme (3). Environ 63 % des participants à l’étude ont déclaré de la fatigue ou une faiblesse musculaire, tandis que 26 % ont signalé des troubles du sommeil et 23 %, de l’anxiété ou de la dépression. Fait intéressant, il semble qu’une plus forte proportion de femmes ressentait des symptômes au moment du suivi. De plus, de 22 % à 56 % des personnes sur l’échelle de gravité présentaient des anomalies pulmonaires physiologiques six mois après l’apparition des symptômes. Ces observations semblent cadrer avec les anomalies radiologiques décelées chez 70 % des patients lors d’une étude de suivi de trois mois réalisée par Zhao et coll. (4), qui démontraient des anomalies de la fonction pulmonaire dans 25 % des cas de leur cohorte.

Deux prépublications s’appuient également sur ces observations pour mieux caractériser la COVID longue au moyen d’un sondage en ligne. Une étude reposait sur une vaste cohorte internationale de 3 762 répondants provenant de 56 pays. Davis et son équipe (6) ont découvert que les symptômes les plus déclarés au bout de six mois étaient la fatigue, les malaises après l’effort et la dysfonction cognitive, reprenant les tendances des études de l’Italie et de la Chine (Figure 1). Près de 45 % des participants confiaient également avoir réduit leurs heures de travail par rapport à leur vie d’avant la COVID-19. Dans une autre étude, Cirulli et son équipe n’ont pas observé la fatigue parmi les symptômes fréquents, mais ont confirmé la présence de dyspnée, de douleurs thoraciques, de céphalée et de perte de mémoire (7). Une prépublication du groupe de Lopez-Leon parue en janvier a recensé un total de 55 effets à long terme associés à la COVID-19 et en a évalué la prévalence au moyen d’une analyse systématique et de méta-analyses (8). Les plus courants étaient la fatigue, les céphalées, le déficit de l’attention, la perte de cheveux et la dyspnée. Selon l’ensemble de ces rapports, la COVID longue est liée à un spectre de symptômes et peut sembler toucher une proportion croissante de personnes se rétablissant de la COVID-19 dans le monde.

Figure 1. Effets à long terme de la COVID-19. Cette figure, adaptée d’une méta-analyse de Lopez-Leon et coll. (8), affiche le pourcentage de chaque symptôme de COVID-19 à long terme. Les symptômes sont répartis dans les catégories Généralités, Cerveau et Cœur et poumons. La fatigue, les céphalées, le déficit de l’attention, la perte de cheveux et l’essoufflement étaient les plus courants.

Maintenant que la vaccination se déploie, une question se soulève : quel est l’effet de la vaccination sur les personnes atteintes de la COVID longue?

Selon certaines nouvelles récentes, les personnes qui ressentaient des symptômes chroniques de COVID-19 ont déclaré une diminution ou même une disparition partielle ou totale des symptômes. C’est extrêmement prometteur pour les malades au long cours. Cependant, il faudra obtenir des données rigoureuses pour comprendre si ces résultats s’appliquent à tous les types de vaccins, aux divers groupes d’âge ou même à diverses gravités de la maladie.

Il est incontestable que les vaccins peuvent réduire les décès et soulager la pression exercée sur le système de santé. Cependant, les personnes atteintes de la COVID longue peuvent également imposer une pression chronique sur le système de santé. Ces malades au long cours figurent désormais dans la ligne de mire de nombreuses cliniques mises sur pied expressément pour traiter les symptômes de la COVID longue dans l’Ouest et le centre du Canada. De toute évidence, il est urgent d’obtenir plus d’information sur la COVID longue, y compris l’incidence d’hommes par rapport aux femmes, dans les divers groupes d’âge et groupes ethniques et chez les personnes atteintes d’autres maladies. Il est également important de comprendre la différence entre les réponses immunitaires des personnes atteintes d’une COVID au long cours et de celles qui n’en souffrent pas. Les chercheurs et les professionnels de la santé s’affairent encore à définir la présentation clinique de la COVID longue, son évolution clinique, son temps de rétablissement et les possibilités de traitement. Espérons que les données seront plus claires après la fin d’études de suivi à long terme et à grande échelle auprès de cette population.