Ce texte, rédigé par des membres du secrétariat du GTIC, résume l’article suivant :

Brunet-Ratnasingham E, Morin S, Randolph HE, Labrecque M, Bélair J, Lima-Barbosa R, Pagliuzza A, Marchitto L, Hultström M, Niessl J, Cloutier R, Sreng Flores AM, Brassard N, Benlarbi M, Prévost J, Ding S, Anand SP, Sannier G, Bareke E, Zeberg J, Lipcsey M, Frithiof R, Larsson A, Zhou S, Nakanishi T, Morrison D, Vezina D, Bourassa C, Gendron-Lepage G, Medjahed H, Point F, Richard J, Larochelle C, Prat A, Arbour N, Durand M, Richards JB, Moon K, Chomont N, Finzi A, Tétreault M, Barreiro L, Wolf G, Kaufmann DE. Sustained IFN signaling is associated with delayed development of SARS-CoV-2-specific immunity. medRxiv 2023.06.14.23290814. doi: https://doi.org/10.1101/2023.06.14.23290814

Les résultats ou les conclusions contenus dans l’étude ne reflètent pas nécessairement les points de vue de tous les membres du GTIC.

Selon les résultats d’une étude financée par le GTIC et les IRSC, qui sont parus en prépublication et n’ont pas encore été révisés par un comité de lecture, les patients infectés par le SRAS-CoV-2 qui présentent une signalisation soutenue de l’interféronLes interférons sont des protéines qui font partie des défenses naturelles de l’organisme, généralement en réponse à la pénétration d’un virus. Ils ont la propriété d’inhiber la réplication virale. produisent tardivement les lymphocytes T CD4+ et les lymphocytes B propres au RBD. Ce phénomène est directement lié à un retard de l’acquisition de la réponse des anticorps contre le virus. Chez les patients qui présentent également une inflammation accrue, des dommages tissulaires et une exposition à l’ARN plasmatique viral, il est associé à un risque élevé de décès. L’étude était dirigée par le Dr Daniel Kaufmann du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal et le Pr Guy Wolf de l’Université de Montréal et de Mila-Institut québécois d’intelligence artificielle.

Faits saillants

  • Les chercheurs ont étudié 782 échantillons longitudinaux de plasma provenant de 318 patients hospitalisés à cause de la COVID-19. L’analyse intégrée à l’aide d’outils informatiques avancés a révélé quatre groupes de patients dans une cohorte de découverte : les cas gravement malades sous ventilation mécanique ont été sous-divisés entre le groupe ayant un bon pronostic et le groupe à la mortalité élevée (reproduits dans une cohorte de validation), tandis que les survivants non gravement malades ont été divisés entre la réponse élevée et la réponse faible des anticorps.
  • Seul le groupe à la mortalité élevée était enrichi des signatures transcriptomiques associées à la gravité de la COVID-19, et chaque groupe présentait un profil d’expression des anticorps propre au RBD.
  • Les personnes des groupes gravement malades et non gravement malades, dont la réponse des anticorps était retardée, présentaient des signatures d’interféron soutenues. Ce phénomène était corrélé de manière négative (c’est-à-dire que les taux d’anticorps n’étaient pas très élevés) aux taux d’anticorps propres au RBD et aux fréquences des lymphocytes B et T CD4+ propres au SRAS-CoV-2.

Des patients hospitalisés atteints d’une COVID-19 symptomatique et dont l’écouvillon nasopharyngé (ÉNP) était positif au SRAS-CoV-2 d’après le test PCR ont été inclus prospectivement à partir de deux hôpitaux de Montréal, au Canada (n = 242, cohorte de découverte) et d’un hôpital d’Uppsala, en Suède (n = 76, cohorte de validation). Des prélèvements de sang sériels ont été effectués tout au long de leur séjour hospitalier : à l’inscription et au bout de deux, sept, 14 et 30 jours. Seuls les échantillons aigus, désignant ceux recueillis dans les 30 jours suivant l’apparition des symptômes (n = 630 dans la cohorte de découverte et 152 dans la cohorte de validation) ont été pris en compte dans cette analyse.

Les groupes de quatre patients étaient fortement associés au taux d’assistance respiratoire reçu dans la cohorte de découverte (modéré = pas d’oxygène d’appoint; grave = oxygène par canule nasale; très grave = ventilation mécanique non invasive ou invasive) et au risque de mortalité 60 jours après l’apparition des symptômes. Les groupes 1 et 2 comptaient un grand nombre de patients gravement malades, tandis que les groupes 3 et 4 étaient surtout formés de patients qui n’étaient pas gravement malades. Le groupe 1 incluait les cas les plus graves et 50 % des patients sont décédés dans les 60 jours suivant l’apparition des symptômes, tandis qu’une minorité de patients est décédée dans les trois autres groupes.

Dans l’ensemble, les données de cette étude indiquent que les voies des interférons jouent un rôle essentiel de mécanismes antiviraux innés intrinsèques et préparent l’immunité antivirale, mais une signalisation excessive des interférons pourrait retarder l’apparition de l’immunité propre au virus chez les patients, qu’on appelle également le « paradoxe de l’interféron ».