Ce texte, rédigé par des membres du secrétariat du GTIC, résume l’article suivant :

N’Guessan A, Kailasam S, Mostefai F, Poujol R, Grenier JC, Ismailova N, Contini P, De Palma R, Haber C, Stadler V, Bourque G, Hussin JG, Shapiro BJ, Fritz JH, Piccirillo CA. Selection for immune evasion in SARS-CoV-2 revealed by high-resolution epitope mapping and sequence analysis. iScience. Le 13 juillet 2023;26(8):107394. doi : 10.1016/j.isci.2023.107394.

Les résultats ou les conclusions contenus dans l’étude ne reflètent pas nécessairement les points de vue de tous les membres du GTIC.

D’après une étude financée par le GTIC publiée dans la revue iScience, la transmission entre les hôtes a entraîné des mutations responsables d’une évasion immunitaire (lorsque le système immunitaire ne reconnaît pas un virus et ne lutte donc pas contre lui). L’étude a également fourni de nouvelles données probantes démontrant que l’exposition à d’autres coronavirus humains (CoVh) saisonniers contribue à l’acquisition d’une meilleure réponse immunitaire au SRAS-CoV-2.

L’étude, dirigée par les Prs Ciriaco A. Piccirillo et Jörg Fritz, tous deux de l’Université McGill, a fait ressortir les points chauds d’immunité préexistante et les épitopes à réactivité croisée avec d’autres coronavirus humains qui contribuent à accroître la réponse immunitaire humorale globale au SRAS-CoV-2. Les chercheurs ont examiné l’évolution du profil des épitopes et les différences entre protéines, les vagues de la pandémie et les variants du SRAS-CoV-2. Ils ont découvert que les mutations des épisodes spiculaires et nucléocapsidiques subissaient une sélection plus importante entre les patients que chez les patients eux-mêmes, ce qui laisse supposer que la majorité de la pression sélective pour l’évasion immunitaire se produisait lors de la transmission entre hôtes. D’après ce constat, la réponse immunitaire humorale est un important moteur de l’évolution virale.

L’étude a été réalisée sur le sérum de dix personnes ayant reçu un résultat positif au SRAS-CoV-2 (asymptomatiques et rétablies) et de cinq sujets témoins ayant reçu un résultat négatif au SRAS-CoV-2. Elle a exploité un réseau peptidique à haute densité couvrant tout le spectre des protéomes du SRAS-CoV-2 et des coronavirus humains endémiques – une stratégie de profilage sérologique approfondie et un cadre computationnel intégré – pour analyser les réponses immunitaires humorales du SRAS-CoV-2 et repérer les cibles antigéniques.

Faits saillants

  • L’évaluation de l’ensemble des protéomes du SRAS-CoV-2 et des coronavirus humains endémiques a permis d’identifier les épitopes des lymphocytes B et leurs propriétés évolutives et structurelles. Cette analyse pourrait permettre de mieux comprendre les marqueurs diagnostiques, la détermination des corrélats de protection et la surveillance de l’efficacité vaccinale.
  • D’après l’étude, les réponses des anticorps aux coronavirus humains saisonniers (incluant les OC43, HKU1, NL63 et 229E) réagissent de manière transversale au SRAS-CoV-2. Les réponses de la mémoire immunologique ainsi stimulées peuvent réduire la gravité des infections par le SRAS-CoV-2. C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles une forte proportion de personnes infectées par le SRAS-CoV-2 sont asymptomatiques.

L’étude a également établi que les variants préoccupants (VOC) et les variants d’intérêt (VUI) contiennent beaucoup plus de mutations d’épitopes caractéristiques que les variants non préoccupants et non d’intérêt. Ainsi, l’évasion de la réponse immunitaire humorale est un moteur important de l’évolution des VOC et des VUI. Les mutations d’épitopes ont été surtout observées dans les VOC Delta, C.36.3 et encore davantage dans le VOC Omicron (B.1.1.529) et ses sous-lignées.