Ce texte, rédigé par des membres du secrétariat du GTIC, résume l’article suivant :

Ismail S, Unger S, Budylowski P, Poutanen S, Yau Y, Jenkins C, Anwer S, Christie-Holmes N, Kiss A, Mazzulli T, Johnstone J, McGeer A, Whittle W, Parvez B, Gray-Owen SD, Stone D, O’Connor DL. SARS-CoV-2 antibodies and their neutralizing capacity against live virus in human milk after COVID-19 infection and vaccination: prospective cohort studies. Am J Clin Nutr. Le 14 décembre 2023. doi : https://doi.org/10.1016/j.ajcnut.2023.10.008

Les résultats ou les conclusions contenus dans l’étude ne reflètent pas nécessairement les points de vue de tous les membres du GTIC.

D’après une étude financée par le GTIC publiée dans The American Journal of Clinical Nutrition, l’infection par le SRAS-CoV-2 et la vaccination pour le prévenir ont influé sur les anticorps contenus dans le lait humain. Cette observation n’a pas changé malgré le type de variant responsable de l’infection et l’intervalle entre les doses. Cependant, la présence d’anticorps dans le lait maternel ne prédisait pas systématiquement la neutralisation du virus vivant chez le nourrisson. Même si le lait humain est indéniablement le meilleur moyen de nourrir les nourrissons, utilisé seul, il ne les protégera peut-être pas contre l’infection par le SRAS-CoV-2. Il faudra peut-être donner des conseils plus nuancés sur la protection des nourrissons par le lait humain après l’infection ou la vaccination de la mère. L’étude était dirigée par la Pre Deborah O’Connor, de l’Université de Toronto, en collaboration avec la Dre Allison McGeer, du Sinai Health System.

Les chercheurs ont recueilli du lait de participantes qui avaient été infectées par le SRAS-CoV-2 pendant la grossesse ou la lactation (infection confirmée par test qPCR ou infection présumée) (cohorte 1), de même qu’auprès de donneuses à la banque de lait humain (cohorte 2), entre mars 2020 et juillet 2021 lors de trois intervalles séquentiels de quatre semaines. Ils en ont également prélevé chez des participantes allaitantes qui avaient été vaccinées contre la COVID-19 à divers intervalles entre les doses (cohorte 3) entre janvier et octobre 2021. Les cohortes 1 et 3 ont été recrutées au Sinai Health (patientes) et dans les réseaux sociaux. La cohorte 2 était composée de donneuses à la banque de lait humain de l’Ontario. Les chercheurs ont examiné le lait pour y trouver des anticorps anti-SRAS-CoV-2 et la neutralisation du virus vivant.

Faits saillants

  • Dans la cohorte 1 (n=57)
    • Chez les femmes atteintes de la COVID-19, 53 % de toute la cohorte et 67,5 % des personnes dont les symptômes étaient confirmés possédaient des anticorps IgA anti-SRAS-CoV-2 dans au moins un échantillon de lait.
    • Si l’on tient compte des échantillons à tous les moments, 40 % des échantillons positifs aux IgA étaient neutralisants, par rapport à 25 % des échantillons négatifs aux IgA (rapport de cotes [RC] : 2,18).
    • Tant la présence d’IgA que leur capacité neutralisante ont diminué au fil du temps à partir du moment de l’apparition des symptômes, et la neutralisation a reculé de 38 % à 20 % (entre zéro et 100 jours par rapport à 201 jours ou plus; RC : 4,30).
  • Dans la cohorte 2 (n=318)
    • Aucun échantillon n’a donné un résultat positif à l’ARN du SRAS-CoV-2.
    • À l’exclusion des échantillons de lait des donneuses de lait humain après la vaccination, d’un diagnostic de COVID-19 ou d’une maladie fébrile chez la participante ou un contact familial, 4,3 % possédaient des anticorps IgA, et 23 % de ces échantillons positifs aux IgA avaient une capacité neutralisante.
  • Dans la cohorte 3 (n=78)
    • Il n’y avait pas d’interaction statistiquement significative entre le moment de la collecte et le type de vaccin ou l’intervalle entre les doses. Cependant, la vaccination était associée à une légère augmentation de la capacité neutralisante du lait la deuxième semaine après la deuxième dose de vaccin par rapport aux taux précédant la vaccination.
    • Le vaccin de Moderna procurait des valeurs d’IgA plus élevées que celui de Pfizer à tous les moments après la vaccination (p < 0,04), sauf le septième jour après la première dose.
    • Des intervalles plus courts entre les vaccins de Moderna (entre trois et moins de six semaines) ont entraîné des taux d’IgG plus élevés que des intervalles plus longs entre les vaccins de Pfizer (entre six et moins de 16 semaines).
    • Dans l’ensemble, la capacité neutralisante était plus élevée après les vaccins de Moderna qu’après ceux de Pfizer (p < 0,001) et chez les personnes qui avaient reçu leur première dose pendant la lactation plutôt que pendant la grossesse (p = 0,03).
    • La capacité neutralisante a augmenté après la vaccination, mais n’était pas associée à la présence d’anticorps. Il n’y avait pas d’association significative entre la présence d’IgA ou d’IgG et leur capacité neutralisante (la neutralisation par rapport à l’absence de neutralisation) après la vaccination.

Les IgA contenues dans le lait humain peuvent contribuer à neutraliser le SRAS-CoV-2. Cependant, des anticorps peuvent également être présents dans le lait de personnes allaitantes non infectées et non vaccinées, une observation qui peut être causée par la réactivité croisée ou un résultat faussement positif. Des facteurs comme le type de vaccin (Moderna ou Pfizer) et l’intervalle entre les doses (court ou long) peuvent influer sur les taux d’anticorps dans le lait, mais leur présence ne garantit pas la neutralisation virale. Par conséquent, les conseils sur la protection des nourrissons grâce à l’alimentation par du lait humain pendant la COVID-19 – et peut-être de futures pandémies – doivent être nuancés.