Ce texte, rédigé par des membres du secrétariat du GTIC, résume les quatre présentations données lors de la séance simultanée intitulée Approches méthodologiques pour améliorer les estimations de la séroprévalence, dans le cadre de la réunion scientifique du GTIC qui s’est déroulée à Vancouver du 8 au 10 mars 2023.

Les résultats ou les conclusions contenus dans l’étude ne reflètent pas nécessairement les points de vue de tous les membres du GTIC.

L’évaluation de la séroprévalence est la principale méthodologie utilisée au Canada et dans le monde pour déterminer l’étendue et les tendances de l’immunité contre le SRAS-CoV-2, que ce soit après une infection, après la vaccination ou après ces deux événements. Dans cet article sont résumés les résultats de quatre présentations données pendant la séance simultanée intitulée Approches méthodologiques pour améliorer les estimations de la séroprévalence, dans le cadre de la Réunion scientifique du GTIC. Les équipes de chercheurs ont présenté les données sur les nouveaux tests sérologiques, leurs avantages et leurs limites, les moyens de gérer avec efficacité les installations de dépistage à haut débit pendant une pandémie, l’importance des biobanques et les leçons qui en ont été tirées.

1. Présentateur et chercheur principal du GTIC : DrUpton Allen – Disproportionate rates of COVID-19 among Black Canadian communities: lessons from the first year of the pandemic

Cette étude visait à déterminer la séroprévalence du SRAS-CoV-2 chez les Canadiens noirs par rapport aux autres populations du Canada ainsi qu’à caractériser la relation entre la séropositivité et la présence d’anticorps neutralisants.

  • Les Ontariens qui habitaient dans des zones chaudes de la COVID-19 étaient plus de trois fois plus susceptibles de présenter des anticorps acquis par l’infection par le SRAS-CoV-2 la première année (d’août à décembre 2020).
  • Le pourcentage de Noirs séropositifs au SRAS-CoV-2 était plus élevé chez les travailleurs de première ligne (13,0 %) que chez ceux qui n’occupaient pas cette fonction (3,2 %).
  • Les participants noirs qui habitaient dans la région du Grand Toronto et du nord-ouest ou de Peel étaient dix fois plus susceptibles d’avoir contracté une infection par le SRAS-CoV-2 que ceux qui habitaient à Oakville ou à London.
  • Dans l’ensemble, les taux de positivité au SRAS-CoV-2 chez les Canadiens noirs ont augmenté entre août 2020 et décembre 2022. Des populations particulières, y compris les personnes qui habitaient dans le nord-ouest de la région du Grand Toronto, les travailleurs de la santé et les étudiants et les enseignants, ont connu une poussée de cas entre janvier et juin 2022.

2. Présentateur : PrAlton Russell, et chercheuse principale du GTIC : DreChantale Pambrun – Neighbourhood characteristics in blood donor-based COVID-19 serosurveillance

Cette étude visait à évaluer à quel point les donneurs de sang sont représentatifs de la population générale dans le cadre de la surveillance sérologique du SRAS-Co-V-2.

  • Pour ce qui est de la représentation géographique, des échantillons de sang sont prélevés chez des adultes en santé qui habitent dans la plupart des régions de tri d’acheminement (RTA) du Canada (trois premiers caractères du code postal), même si les donneurs de sang sont plus susceptibles de provenir des régions urbaines. Ils excluent les membres des forces militaires, les populations carcérales et les habitants des réserves des Premières Nations.
  • Pour ce qui est de la représentation socioéconomique, les donneurs de sang ont tendance à provenir de quartiers moins défavorisés sur le plan matériel (plus prospères) et sur le plan social (moins de liens sociaux, comme vivre seul, être divorcé ou être une personne monoparentale).
  • Une forte défavorisation matérielle et une faible défavorisation sociale étaient associées à la séropositivité au SRAS-CoV-2 chez les donneurs.

3. Présentateurs et chercheurs principaux du GTIC : PrRahul Arora et MmeHarriet Ware – Serology assays used in SARS-CoV-2 seroprevalence surveys worldwide: A systematic review and meta-analysis of assay features, testing algorithms, and performance

Cette étude visait à décrire les caractéristiques et le recours aux dosages sérologiques, à en comparer la performance selon les fabricants, les laboratoires de référence de tierces parties et les évaluations indépendantes. De plus, les chercheurs ont également procédé à l’évaluation quantitative de la performance des dosages pour obtenir des estimations de la séroprévalence.

  • D’après les données des fabricants, 29,7 % de tous les dosages commerciaux respectaient les critères d’utilisation d’urgence de l’Organisation mondiale de la Santé. Pour ce faire, les dosages doivent avoir une sensibilité de 90 % (la capacité de dépister correctement les patients possédant des anticorps anti-SRAS-CoV-2) et une spécificité de 97 % (la capacité de dépister correctement les patients ne possédant pas d’anticorps anti-SRAS-CoV-2).
  • Les tierces parties ont indiqué que les fabricants avaient surestimé la sensibilité des dosages sérologiques de 1 % et leur spécificité de 0,9 %.
  • Selon les évaluations de groupes indépendants, les fabricants avaient surestimé la sensibilité des dosages sérologiques de 3,3 % et leur spécificité de 0,2 %.
  • On constate une importante hétérogénéité entre les dosages et leurs techniques d’évaluation, si bien que les estimations de la séroprévalence ont pu être faussées à une hauteur pouvant atteindre ± 9,5 %.

4. Présentateur et chercheur principal du GTIC : DrMarc Germain – Evaluation of anti-nucleocapsid level variation in frequent plasma donors to assess SARS-CoV-2 seroprevalence in a vaccinated population

L’étude visait à décrire la sérosurveillance du SRAS-CoV-2 chez les donneurs de sang faisant partie de la biobanque de donneurs de plasma (PLASCOV) d’Héma-Québec, obtenue par la méthode immunoenzymatique ELISA à base de protéines antinucléocapsidiques du SRAS-CoV-2 sur les échantillons de sang pour estimer les effets de la vague Omicron.

  • Les études de sérosurveillance du SRAS-CoV-2 chez les donneurs de sang ont été très utiles aux autorités sanitaires pour évaluer la progression de la pandémie de COVID-19 dans la population générale.
  • Les études transversales de séroprévalence ne peuvent plus donner un portrait précis de l’incidence cumulative d’infection, car les anticorps acquis par l’infection (antinucléocapsidiques) s’atténuent au fil du temps. De plus, la réponse anti-N peut être affaiblie par une vaccination antérieure.
  • L’approche par ratio (comparaison des échantillons prélevés après l’infection à ceux prélevés avant l’infection) avait une sensibilité de 95,2 %, ce qui est plus élevé que l’approche conventionnelle (qui ne testait que les échantillons prélevés après l’infection) pour déceler la séropositivité au SRAS-CoV-2.
  • En novembre 2022, la vague Omicron avait frappé environ 85 % de la population du Québec.