Ce texte, rédigé par des membres du secrétariat du GTIC, résume l’article suivant :

Cherry N, Adisesh A, Burstyn I, Durand-Moreau Q, Galarneau JM, Labrèche F, Ruzycki S, Zadunayski T. Work characteristics, workplace support and mental ill-health in a Canadian cohort of healthcare workers during the COVID-19 pandemic. J Occup Environ Med. Le 27 février 2024. doi : 10.1097/JOM.0000000000003074

Les résultats ou les conclusions contenus dans l’étude ne reflètent pas nécessairement les points de vue de tous les membres du GTIC.

Selon une étude financée par le GTIC publiée dans le Journal of Occupational and Environmental Medicine, les travailleurs de la santé au service de patients atteints de la COVID-19 présentaient des scores d’anxiété et de dépression marqués sur le plan clinique et étaient plus susceptibles de déclarer utiliser des médicaments pour dormir qu’avant la pandémie. Cette étude était dirigée par la Dre Nicola Cherry, de l’Université de l’Alberta.

Une cohorte de 4 854 travailleurs de la santé canadiens a été recrutée vers le début de la pandémie et suivie pendant 24 mois. Chaque participant a rempli un questionnaire en ligne à quatre moments :

  • Printemps-été 2020 (phase 1)
  • Automne 2020 (phase 2)
  • Printemps 2021 (phase 3)
  • Printemps-été 2022 (phase 4)

Les données démographiques incluaient l’âge, le genre et le rôle professionnel. Les résultats primaires étaient le score de l’échelle d’anxiété et de dépression en milieu hospitalier (HADS), un score d’au moins 11 indiquant des cas de dépression ou d’anxiété. Les résultats secondaires étaient l’utilisation de substances comme l’alcool, le tabac et le cannabis, de même que les médicaments pour dormir et soulager l’anxiété. Les facteurs qui reflétaient les conditions de travail ont également été évalués, tels que le type de travailleurs de la santé, le travail avec des patients infectés par la COVID-19 et le taux de soutien professionnel offert.

Faits saillants

  • Dans l’ensemble, 26,3 % des participants présentaient des scores HADS d’anxiété significatifs sur le plan clinique, tandis que 9,9 % présentaient des scores HADS de dépression élevés.
  • La consommation d’alcool et de médicaments pour dormir et pour soulager l’anxiété a augmenté chez les travailleurs de la santé par rapport à celle d’avant la pandémie chez 21,6 %, 15,2 % et 7,3 % des participants, respectivement.
  • Les cas d’anxiété et de dépression, de même le recours à des médicaments pour dormir, étaient plus élevés pendant les périodes de travail auprès de patients atteints de la COVID-19.
  • Les participants ont perçu un manque de soutien de la part de leurs collègues plus expérimentés ou de leurs mentors, de leurs employeurs immédiats, des services de santé provinciaux, du médecin hygiéniste en chef de leur province ou de tous ces groupes.
  • La disponibilité déclarée des groupes d’entraide en ligne a amélioré la perception du soutien disponible.

Par cette étude, les chercheurs voulaient établir les déterminants de la santé mentale des travailleurs de la santé canadiens pendant la pandémie de COVID-19. La cohorte recrutée a été formée au début de la pandémie et a maintenu un bon taux de rétention au cours de la période de suivi de 24 mois. Les données étaient toutes autodéclarées, mais permettaient tout de même de jeter un regard prospectif sur les changements pendant la pandémie. Puisque le travail auprès de personnes infectées pendant une pandémie peut s’accompagner de facteurs de stress inévitables, cette étude laisse supposer que les effets sur la santé mentale et la rétention peuvent être atténués par l’amélioration du soutien en milieu de travail.