Ce texte, rédigé par des membres du secrétariat du GTIC, résume l’article suivant :

Brown PE, Fu SH, Bansal A, Newcombe L, Colwill K, Mailhot G, Delgado-Brand M, Gingras AC, Slutsky AS, Pasic M, Companion J, Bogoch II, Morawski E, Lam T, Reid A, Jha P. Ab‑C Study Collaborators. Omicron BA.1/1.1 SARS-CoV-2 Infection among Vaccinated Canadian Adults. N Engl J Med. Le 18 mai 2022. doi : 10.1056/NEJMc2202879.

Les résultats ou les conclusions contenus dans l’étude ne reflètent pas nécessairement les points de vue de tous les membres du GTIC.

Dans une lettre publiée par le New England Journal of Medicine, l’étude Ab-C, financée par le GTIC et dirigée par le Dr Prabhat Jha de l’Université de Toronto, a quantifié l’incidence de SRAS-CoV-2 chez des adultes canadiens membres du Forum Angus Reid pendant la vague du variant Omicron (BA.1/1.1). Ainsi, les chercheurs ont constaté une augmentation des anticorps acquis par l’infection, qui est passée de 11,2 % avant le variant Omicron à 36,9 % par la suite. L’étude faisait appel à des échantillons autoprélevés de gouttes de sang séché, soumis entre le 24 janvier et le 15 mars 2022.

L’étude a quantifié l’incidence de SRAS-CoV-2 et l’effet d’une infection antérieure et d’une vaccination concomitante sur la protection de 5 031 adultes canadiens. Cette augmentation était démontrée par des résultats positifs à la nucléocapside (N), indicateurs de la présence d’anticorps induits par l’infection.

Faits saillants

  • Chez les 3 468 adultes qui ont obtenu un résultat négatif à l’infection (anticorps nucléocapsidique) avant la vague du variant Omicron (phase 3, du 15 août au 15 octobre 2021), 1 040 étaient devenus positifs à la nucléocapside lors de la phase 4 (24 janvier au 15 mars 2022). Ainsi, 36 des 91 personnes non vaccinées et non infectées pendant la phase 3 sont devenues positives pendant la phase 4.
  • L’utilisation de l’incidence de personnes vaccinées par rapport à celles non vaccinées entre les phases chez les 29,7 millions d’adultes du Canada a permis de déceler un nombre estimatif de 9,0 millions d’adultes (de 7,9 à 10,2) nouvellement infectés pendant la vague du variant Omicron, y compris 0,9 million d’infections (0,6 à 1,2) chez les 2,3 millions d’adultes non vaccinés, représentant 40 % de tous les adultes non vaccinés.
  • Le taux d’infection par le variant Omicron a moins progressé chez les personnes âgées (60 ans et plus) que chez les jeunes adultes (18 à 59 ans).
  • Les taux d’anticorps antispiculaires étaient plus élevés après trois doses de vaccin et une infection, mais étaient négligeables chez les personnes non infectées ou non vaccinées et faibles chez celles qui avaient reçu une seule dose de vaccin (sauf celles vaccinées plus d’un mois avant la collecte de gouttes de sang séché [GSS]).
  • L’incidence cumulative de résultats positifs à la nucléocapside avant la vague du variant Omicron s’élevait à 11,2 % (10,4 % à 12,0 %), mais est passée à 36,9 % (34,8 % à 38,9 %) pendant cette vague. Il se peut que les résultats positifs à la nucléocapside aient été sous-estimés en cas d’infection par le variant Omicron, parce que les cas légers chez les adultes vaccinés n’entraînent pas nécessairement une forte réponse des anticorps ou que la séroconversion n’avait pas encore eu lieu au moment du prélèvement de GSS.

Le taux d’infection naturelle est demeuré faible au Canada, correspondant probablement à moins de 10 % de la population adulte avant l’apparition du variant Omicron, si bien que le pays dépend de la vaccination pour protéger la population.

La population qui avait fourni des prélèvements de GSS a été stratifiée en fonction de l’âge, du sexe (59,3 % de femmes et 40,1 % d’hommes), de l’état vaccinal (95,5 % de personnes vaccinées et 4,5 % de personnes non vaccinées), de l’instruction (30,6 % n’ayant pas plus d’une certaine éducation postsecondaire, 31,5 % de diplômés d’un collège et 37,9 % de diplômés universitaires), de la région (Ontario : 41,5 %; Colombie-Britannique et Yukon : 20,9 %; Québec : 12,2 %; provinces des Prairies et Territoires du Nord-Ouest : 19,6 %; et provinces de l’Atlantique : 5,9 %), de l’état de santé (obésité : 28,1 %; diabète : 11,0 %; et hypertension : 30,4 %) et de la consommation de tabac (39,8 % de fumeurs actifs; 9,3 % d’anciens fumeurs et 49,7 % de non-fumeurs). Il est à souligner que l’étude Ab-C comptait moins d’adultes appartenant à une minorité raciale ou ethnique (15,8 %), mais plus d’adultes autochtones du Canada (10,2 %) que la population participant au recensement.

Les chercheurs ont examiné les prélèvements de GSS au moyen d’épreuves d’immunoabsorption enzymatique par chimiluminescence hautement sensibles et spécifiques ciblant la protéine spiculaire, le domaine de liaison du récepteur et la nucléocapside. Les analyses de laboratoire ont été réalisées par l’Institut de recherche Lunenfeld-Tanenbaum du Sinai Health.

Dans l’ensemble, l’étude fait ressortir l’importance d’une évaluation continue de l’incidence des infections par le variant Omicron et des futurs variants du SRAS-CoV-2.