Cette synthèse des preuves a été compilée par les membres du secrétariat du GTIC avec la contribution d’experts affiliés au GTIC et ne reflète pas nécessairement l’opinion de tous les membres du GTIC

Par Mariana Bego

Deux études londoniennes ont établi que les personnes qui ont été infectées par le SRAS-CoV-2 et ont acquis une réponse immunitaire contre ce virus réagissent rapidement à la première dose du vaccin, comme les personnes qui n’ont pas été infectées répondent à la deuxième dose, ou dose de rappel (figure 1). Les résultats de ces deux études ont été publiés dans The Lancet à la fin de février. Ils s’ajoutent à deux prépublications diffusées plus tôt le mois dernier sur des études préliminaires effectuées aux États-Unis.

Figure 1 : Les personnes déjà infectées par le virus SARS-CoV-2 acquièrent une solide réponse immunitaire après une seule dose du vaccin. En moyenne, les diverses études démontrent qu’avant la vaccination, les personnes déjà exposées au SRAS-CoV-2 présentent des taux d’anticorps semblables à ceux des personnes qui n’ont jamais contracté l’infection après une dose, mais que leurs taux d’anticorps sont de 25 à 100 fois plus élevés après leur première dose. Une publication a démontré qu’après la deuxième dose, les personnes infectées par le SRAS-CoV-2 auparavant possèdent plus de dix fois plus d’anticorps que les personnes qui n’ont jamais infectées.

Les personnes rétablies de l’infection par le SRAS-CoV-2 fabriquent beaucoup plus d’anticorps en réponse à une seule dose du vaccin que celles qui n’ont jamais été infectées

Des chercheurs de l’University College de Londres et de la santé publique de l’Angleterre avancent qu’une infection antérieure pourrait s’apparenter à une sensibilisation immunitaire. Ils ont analysé 51 personnes d’une étude longitudinale de cohorte auprès de travailleurs de la santé londoniens qui ont subi des tests de PCR hebdomadaires et des tests de sérologie quantitative toutes les 16 semaines à compter de mars 2020. Environ la moitié (24 personnes) avait déjà souffert d’une infection par le SRAS-CoV-2 légère ou asymptomatique confirmée en laboratoire. Les anticorps de tous les sujets ont été évalués de 19 à 21 jours après la première dose du vaccin Pfizer-BioNTech. Le taux d’anticorps prélevé après une dose du vaccin chez les personnes qui n’avaient jamais été infectées était comparable au pic des anticorps décelés chez les personnes qui avaient déjà été atteintes d’une infection naturelle, mais qui n’avaient pas encore été vaccinées (pour une moyenne approximative de 100 unités arbitraires par millilitre [AU/mL] dans chaque groupe). Après la vaccination, le taux d’anticorps des personnes qui avaient déjà été atteintes d’une infection naturelle s’était multiplié par plus de 140 (en moyenne 14 000 AU/mL).

Pour potentiellement accélérer le déploiement des vaccins, les auteurs de cette étude recommandent de prioriser les personnes qui n’ont jamais été infectées. Ils proposent de faciliter et de mettre en œuvre cette stratégie en effectuant un test sérologique lors de l’administration du premier vaccin. On obtiendrait ainsi une couverture plus vaste et plus rapide sans compromettre l’immunité conférée par les vaccins et on favoriserait la diminution de l’émergence des variants.

Lisez la correspondance ici, en anglais.

Des recherches réalisées par des chercheurs de l’École de médecine Icahn du Mount Sinai de New York ont décrit la réponse des anticorps chez plus de 100 patients; 41 possédaient déjà une immunité établie contre le SRAS-CoV-2 et 68 n’avaient jamais été infectés. Tous ont reçu leur première dose du vaccin à ARNm Moderna ou Pfizer-BioNTech à la fin de 2020. Les chercheurs ont observé que non seulement les taux d’anticorps des vaccinés déjà immunisés étaient environ 100 fois plus élevés que ceux des vaccinés non immunisés auparavant, mais qu’après la deuxième dose du vaccin, ils étaient environ dix fois plus élevés que les taux d’anticorps médians mesurés chez les personnes non immunisées auparavant (voir la figure 1). Conformément à la réponse immunitaire massive enregistrée, il est à souligner que les effets secondaires de la vaccination systémique ont été plus marqués chez les vaccinés possédant une immunité préétablie que chez ceux qui ne possédaient pas d’anticorps auparavant. De futures études de suivi devront établir si ces différences précoces des réponses immunitaires se maintiennent au fil du temps.

Lisez la prépublication, en anglais, ici.

Selon les chercheurs des deux études, des politiques adaptées pour évaluer la réponse immunitaire au SRAS-CoV-2 permettraient non seulement d’étirer les stocks limités de vaccins, mais elles limiteraient les effets secondaires des vaccins qu’éprouvent les personnes rétablies de la COVID-19 et réduiraient la réticence envers la vaccination.

Ces résultats ont trouvé écho dans une étude effectuée par des chercheurs de l’École de médecine de l’Université du Maryland, publiée dans JAMA ce mois-ci. Ces chercheurs ont suivi 59 travailleurs de la santé à compter de la date d’administration du vaccin à ARNm Moderna ou Pfizer-BioNTech jusqu’à concurrence de deux semaines plus tard. Conformément à d’autres études et à leurs tendances, les personnes qui avaient déjà été infectées par la COVID-19 présentaient des taux d’anticorps statistiquement plus élevés que celles qui n’avaient jamais été infectées.

Lisez leur manuscrit, en anglais, ici.

Les vaccins à ARNm peuvent susciter une forte réponse cellulaire chez les personnes rétablies de la COVID-19

Dans une étude plus approfondie, des chercheurs de l’Imperial College de Londres ont suivi 72 travailleurs de la santé vaccinés à la fin de décembre. Tous les participants ont donné des échantillons de sang au moment de recevoir leur première dose du vaccin Pfizer-BioNTech contre le coronavirus, puis de 21 à 25 jours après la vaccination. De ce nombre, 21 avaient déjà été infectés en fonction d’un examen sérologique de référence (chez 16 participants) ou d’une réponse immunitaire à médiation cellulaire postvaccinale précoce (chez cinq participants). Les 51 autres participants, qui ne présentaient ni résultats positifs à l’examen sérologique de référence ni réponses à médiation cellulaire précoces après le vaccin, étaient définis comme non exposés à l’infection auparavant.

Puisque le vaccin qui leur a été administré code seulement pour la glucoprotéine spiculaire du SRAS-CoV-2, les chercheurs ont évalué les réponses immunitaires à cette protéine après la vaccination. Les taux d’anticorps qui reconnaissaient la protéine spiculaire étaient 25 fois plus élevés en moyenne chez les personnes qui avaient déjà souffert de l’infection naturelle que chez celles qui n’avaient jamais été infectées (une moyenne de plus de 16 000 AU/mL par rapport à 600 AU/mL). Fait intéressant, les cinq participants qui présentaient des réponses à médiation cellulaire précoces, mais pas de résultats positifs à la sérologie de référence affichaient des taux intermédiaires d’anticorps par rapport aux groupes qui n’avaient jamais été infectés et ceux qui l’avaient été. De même, les personnes qui n’avaient jamais été infectées possédaient des anticorps neutralisants décelables produits par le vaccin, mais les titres étaient considérablement plus bas que chez les personnes infectées auparavant. Les 21 participants qui avaient déjà été infectés par le SRAS-CoV-2 avant la vaccination ont accumulé une réponse des lymphocytes T beaucoup plus élevée aux peptides spiculaires après la vaccination que les personnes qui n’avaient jamais été infectées. De plus, seulement la moitié des participants du groupe qui n’avait jamais été infecté présentait une réponse des lymphocytes T décelables. Pour résumer, les personnes qui ont déjà été infectées par le coronavirus auparavant semblent acquérir une plus forte réponse immunitaire à une dose du vaccin à ARNm, y compris des réponses immunitaires à médiation cellulaire, que celles qui n’ont jamais été infectées auparavant.

Dans cette cohorte, des personnes qui n’avaient jamais été infectées ont acquis une faible réponse à une seule dose du vaccin, particulièrement si elles avaient plus de 50 ans. Une personne de plus de 50 ans qui n’avait jamais été infectée et qui présentait de faibles titres d’anticorps après la vaccination (inférieurs à 65 AU/mL) a contracté la COVID-19 un peu plus d’un mois après la première dose du vaccin. Les auteurs postulent que de faibles titres d’anticorps (inférieurs à 250 AU/mL) ne confèrent peut-être pas une immunité suffisante pour assurer une protection contre la maladie clinique ou prévenir la propagation du virus. Il se pourrait même qu’ils ne persistent pas jusqu’à l’administration de la deuxième dose.

 

Les auteurs de cette étude recommandent de prioriser la deuxième dose du vaccin pour les personnes de plus de 50 ans qui n’ont jamais été infectées, sont plus vulnérables à une grave COVID-19 et peuvent être moins protégées par une seule dose du vaccin. Enfin, leurs résultats font ressortir l’importance du port rigoureux de l’équipement de protection individuelle après la vaccination, pour prévenir à la fois l’infection et la propagation asymptomatique de la maladie.

Lisez l’article, en anglais, ici.