Ce texte, rédigé par des membres du secrétariat du GTIC, résume l’article suivant :

Lewis HC, Ware H, Whelan M, Subissi L, Li Z, Ma X, Nardone A, Valenciano M, Cheng B, Noel K, Cao C, Yanes-Lane M, Herring BL, Talisuna A, Ngoy N, Balde T, Clifton D, Van Kerkhove MD, Buckeridge D, Bobrovitz N, Okeibunor J, Arora RK, Bergeri I; groupe de collaborateurs aux études UNITY. SARS-CoV-2 infection in Africa: a systematic review and meta-analysis of standardised seroprevalence studies, from January 2020 to December 2021. BMJ Glob Health. Août 2022;7(8):e008793. doi : 10.1136/bmjgh-2022-008793.

Les résultats ou les conclusions contenus dans l’étude ne reflètent pas nécessairement les points de vue de tous les membres du GTIC.

Dans une analyse systématique de la revue BMJ Global Health, Rahul Arora, candidat au doctorat de l’Université de Calgary, et l’équipe de la plateforme SeroTracker, qui est financée par le GTIC, ont estimé que la séroprévalence (découlant de l’infection ou de la vaccination) s’élevait à 65,1 % en Afrique entre juillet et septembre 2021. Selon cette évaluation de la séroprévalence, il y avait 100 fois plus d’infections que de cas déclarés à l’OMS par les systèmes de surveillance nationaux, ce qui démontre que la plupart des infections ne sont jamais détectées.

Les chercheurs ont calculé les ratios d’infections réelles par rapport aux infections déclarées pour évaluer à quel point le véritable fardeau de la maladie est sous-estimé. Le nombre de véritables infections est dérivé des évaluations de séroprévalence méta-analysées dans la population africaine. Les infections déclarées correspondent au nombre de cas confirmés en laboratoire signalés à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) par les systèmes de surveillance nationaux.

Faits saillants

  • En Afrique, la séroprévalence (découlant de l’infection ou de la vaccination) est passée de 3 % entre avril et juin 2020 à 65,1 % entre juillet et septembre 2021.
  • Le ratio entre les infections estimées réelles et déclarées se situait entre 18:1 en Afrique du Sud et 954:1 au Nigéria, ce qui est révélateur d’une grande hétérogénéité entre les pays.
  • On estime que les cas asymptomatiques en Afrique englobent 71,0 % de tous les cas. Ces observations sont conformes à celles d’autres études qui démontrent des taux particulièrement élevés d’infections asymptomatiques en Afrique (de 65 % à 85 %, selon le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique). Les personnes infectées sans symptômes de ce continent étaient peu susceptibles de se prêter à un dépistage, ce qui pourrait contribuer à expliquer la sous-évaluation des infections par le SRAS-CoV-2.
  • Il a été déterminé que la séroprévalence variait selon la région et selon l’âge. Elle était 40 % plus basse dans les régions rurales que dans les régions urbaines, et 27 % plus basse chez les enfants de 0 à neuf ans que chez les adultes de 20 à 29 ans.

L’hétérogénéité des évaluations au sein d’un même pays et entre les pays fait également ressortir l’importance d’adapter les mesures sanitaires et les stratégies de vaccination aux contextes locaux.

Au total, 56 textes intégraux, incluant 153 études de séroprévalence distinctes réalisées en Afrique et publiées entre le 1er janvier 2020 et le 30 décembre 2021, ont fait partie de l’analyse systématique. L’évaluation de la séroprévalence asymptomatique (la proportion de personnes séropositives qui ont déclaré ne pas avoir éprouvé de symptômes de COVID-19 pendant la période de l’étude) est tirée d’un sous-groupe de 15 études qui rendaient compte des symptômes.

Les études portent sur les États africains membres de l’OMS, qui représentent plus de 40 % (23 pays sur 54) du continent, par suite de la standardisation et de l’adaptabilité des études UNITY de l’OMS. La présente étude est la première à fournir des évaluations aussi vigoureuses et représentatives de la séroprévalence en Afrique.

L’importante sous-évaluation du SRAS-CoV-2 et sa forte hétérogénéité font ressortir la nécessité de disposer de données de séroprévalence opportunes et de poursuivre la surveillance des populations susceptibles afin d’orienter les priorités sanitaires. Cette analyse a été réalisée en partenariat avec l’initiative SeroTracker financée par le GTIC et l’initiative UNITY de l’OMS. Ainsi, la quantité et la qualité des données de séroprévalence se sont améliorées en Afrique.